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  • La vie intérieure retrouvée

    En ces temps de pandémie, je plains ceux qui se définissent uniquement par l’action ou par leur « utilité » dans le monde, ceux qui n’ont pas de vie intérieure. Je ne suis pas de ceux qui confondent vie intérieure et vie spirituelle, même si l’une et l’autre peuvent se superposer chez les croyants. Par vie intérieure, j’entends cet univers intime, ce lieu bien à soi, nourri par les expériences que nous avons vécues, mais aussi par les temps libres de réflexions sur la vie, son sens, ses finalités.  Une certaine anthropologie chrétienne opposait le corps et l’esprit. S’il fallait bien se

  • «tout inclus»

    Résister avec résilience à la pandémie

    Je ne pense pas que ça va bien aller. Je n’ai pas l’enthousiasme de mon conseiller financier qui m’invite à acheter des actions au rabais parce que « c’est une pandémie, pas une crise économique ». J’envie la légèreté de ceux qui célèbrent, malgré tout, l’arrivée du printemps.   Je n’ai pas l’optimisme béat, car je pense à tous ces gens qui vont mourir, seuls, face contre terre. À ces malades du cancer qui auraient été habituellement sauvés, mais qui ne pourront pas être opérés à temps. Je pense à mes amis qui viennent de perdre leur emploi et dont l’avenir, à court et

  • Les qualités du chef et le prix de la liberté

    Une pandémie est, peut-être avec une guerre, le moment où les qualités des chefs politiques apparaissent avec le plus d’éclat. C’est maintenant, plus que jamais, que l’on se réjouit d’être gouverné par un bon chef… ou que l’on regrette d’en avoir un mauvais. Mais qu’est-ce qu’un bon chef, en fait ? Est-ce un chef compétent et honnête ? Bien sûr, mais là n’est pas l’essentiel face à une crise comme celle de la COVID-19. Deux qualités, cruciales mais difficiles à combiner, sont plus importantes : l’humilité et le courage. Il s’agit de l’humilité d’écouter les experts avec déférence. Un chef politique, avec tout

  • Force majeure

    Dans ces moments dramatiques, on dirait que Dieu distribue des grâces spéciales. À l’hôpital cette semaine pour une transfusion à notre bébé, j’en ai profité pour prendre le pouls d’une situation sans précédent. (N’ayez crainte, j’ai bien frotté mes mains avec une dose règlementaire de solution hydroalcoolique.) Malgré toute cette histoire virale, je voyais l’infirmière commencer ses heures supplémentaires avec le sourire. Bien sûr, elle aura droit à sa prime. Toutefois, en la voyant soigner les patients, je vous garantis que ce n’est pas le fric qui la motive. D’abord, reconnaissance infinie à tous ceux qui vont perdre une heure

  • Comment (ne pas) survivre à ses enfants

    Paradoxalement, ce temps de désorganisation nationale « impose » à plusieurs parents d’avoir leurs enfants à la maison. Pour certains, cela n’implique que quelques marmots de plus à accueillir dans un quotidien de mère au foyer. Pour d’autres, il s’agit d’un réel bouleversement, en plus d’un générateur supplémentaire d’anxiété.  Je vous propose donc ici quelques trucs pour vous aider à passer ce temps indéterminé avec toute votre marmaille à la maison ! Mettons d’abord quelques petites choses au clair : Le titre de cette chronique. Le mot survivre se définit par « vivre au-delà de… » : je ne souhaite à aucun parent de survivre à ses enfants. Au fond,

  • Ariane Beauféray

    Le dépassement de la surpopulation

    COVID-19 : horreur de la majorité, mais bénédiction pour un petit nombre. Après tout, qui dit pandémie, dit morts, n’est-ce pas ? Et puis, il y aura bien quelques faillites au travers de la crise, avec quelques suicides à la clé.  Non, je ne plaisante pas ; je n’aime pas vraiment l’humour noir. Aux dires de certains, la planète est surpeuplée. Cette surpopulation fait courir le monde à sa perte. Cette perspective inquiétante incite des couples à refuser la procréation : nous sommes trop nombreux et cela va mal finir, alors n’ajoutons pas un être de plus sur la terre. Et puis, il y a tant

  • univers

    Les 7 avantages collatéraux de la quarantaine

    Le gouvernement du Québec vient de déclarer l’urgence sanitaire. Si vous êtes malades, revenez de voyage ou avez 70 ans et plus vous devez rester à la maison bien barricadé derrière vos écrans et capitonné dans votre papier de toilette. La pandémie, on est d’accord, c’est pas cool. Ça vient avec son lot de petits et grands désagréments. Alors pour mieux avaler la pilule et vous changer les idées, j’ai pensé vous proposer mon top 7 des avantages collatéraux qu’apporte la crise de la quarantaine. (Pour les dommages collatéraux en boucle, syntonisez plutôt RDI et LCN.) P.-S. Ce texte a beaucoup trop d’hyperliens sur lesquels vous

  • Chronique d’un déni éclairé

    Des savants avertis par la pluie et le ventAnnonçaient un jour la fin du mondeLes journaux commentaient en termes émouvantsLes avis, les aveux des savantsBien des gens affolés demandaient aux agentsSi le monde était pris dans la rondeC’est alors que docteurs savants et professeursEntonnèrent tous en chœur« Le soleil a rendez-vous avec la lune… » - Charles Trenet Les professionnels de la santé nous parlent régulièrement du choix éclairé. Ce concept signifie la libre décision du patient, informé de toutes les possibilités et de leurs conséquences, sur les traitements qui lui seront administrés.  C’est donc la chronique d’un déni éclairé que je

  • Accoucher, c’est naitre de la souffrance

    La première fois que j’ai accouché, j’ai vite compris qu’il y avait dans cet évènement quelque chose de plus grand que le « simple » fait de faire sortir un enfant de mes entrailles. Loin de moi l’idée de réduire l’importance du processus physiologique de l’accouchement, mais cet acte est avant tout existentiel.  Sans avoir besoin d’y penser, on comprend vite que la vie est intimement liée à la souffrance, dès ses balbutiements. Chaque fois que j’ai accouché, après plusieurs heures de travail (sans péridurale), j’ai immanquablement frappé un mur.  Découvrir le but Pourquoi endurer toute cette douleur ? Ou m’infliger cette souffrance

  • univers

    Les femmes sont supérieures aux hommes

    « Les femmes sont folles ! » C’est pas moi qui le dis, mais William Golding, Prix Nobel de littérature. Sans misogynie aucune, il précisait : « Je pense que les femmes sont folles si elles prétendent être les mêmes que les hommes. Elles sont tout à fait supérieures à eux et l’ont toujours été. » Les femmes sont supérieures aux hommes. J’aime cette idée, même si elle est un affront à la sacrosainte égalité moderne. Dernièrement, je suis tombé sur des scientifiques qui pensent la même chose. Selon une étude de l’Université de Duke, en Caroline du Nord, les femmes sont génétiquement plus résistantes que

  • Libérée! Délivrée!

    Vous avez vu ce titre de rubrique ? « Femme libérée ». Libérée de quoi ? Délivrée de qui ? Je le dis : je viens de franchir le demi-siècle. La maternité a calmé ma libido. Les hormones de préménopause achèvent inéluctablement le travail. Et comme la Reine des Neiges, je peux chanter : « Libéréééée ! Délivrééééée!… du sexe compulsif, pulsionnel, ou si vous préférez performatif ! » Voilà. C’est dit.  L’envie est partie. C’est tout. Les bouffées de chaleur sont maitres, et invariablement suivies de frissons qui me glacent tout entière. Je suis en lockout d’estrogènes.  J’ai alors la tentation d’imiter la Reine des Neiges et de m’enfermer dans

  • «tout inclus»

    La féminité peut-elle être toxique?

    C’est à travers une recherche critique du phénomène qu’on appelait alors l’hypersexualisation que je me suis identifiée, adolescente, au féminisme. Au gala du démérite organisé entre amis à la fin du secondaire, j’ai même reçu le prix de la féministe frustrée. Been there, done that, got the t-shirt. Jusqu’à la fin de mes études en anthropologie, j’aurai consacré l’essentiel de mes travaux scolaires à l’étude de tout ce qui touche de près ou de loin les industries du sexe. J’en ai acquis la certitude qu’en faisant de la sexualité un objet de commerce, nous vivons dans une culture qui déshumanise les

  • À mes petites pinottes

    Mes très chères filles, Dans quelques jours, le 8 mars, le monde entier prendra un gros 24 heures bien compté pour réfléchir aux droits des femmes. En pareilles circonstances, il est d’usage de rappeler que, même si les luttes menées par vos aïeules ont permis de grands changements sociaux, il vous reste encore de belles batailles à mener. Vous êtes habituées d’entendre votre père vous dire quoi faire — et surtout quoi ne pas faire. À l’aube de ce jour spécial, je vous fais grâce de mes sempiternelles injonctions et remontrances. Je n’aurai pour unique conseil que celui-ci : soyez bien attentives à

  • univers

    Pour le mois des femmes, soyez des hommes!

    Même si les hommes viennent de Mars, il semble que le mois du dieu de la guerre devienne de plus en plus le mois des femmes. Un mois (pas officiel !) de manifestations et de lutte pour la reconnaissance des droits des femmes — avec pour épicentre la journée du 8 mars. Cette année, les Nations unies, qui ont homologué cette journée en 1977, proposent comme thème : « Je suis de la Génération Égalité : levez-vous pour les droits des femmes. » Slogan, il est bon de le remarquer, qui peut aussi bien être scandé par un homme que par une femme. En fait,

  • Les trois plaies de la méfiance

    Deux jours à peine s’étaient écoulés depuis la mise au jour du scandale et un commentateur lâchait un « maintenant que la poussière est retombée »… J’en ai presque ri. Mais, compte tenu des circonstances moroses, je me suis retenu. Probablement comme vous, j’ai lu des centaines de commentaires sur l’affaire qui secoue la cathosphère ces jours-ci. Dans ces cas, je m’étonne d’oublier parfois que l’ère des réseaux sociaux en est une de réactions. Des réactions à la chaine. Comme une chaine de montage industrielle, mécanique, prévisible.  Les communiqués laconiques (pardonnez le pléonasme) réagissent au rapport d’enquête. La première vague de commentateurs,

  • Un prêtre peut-il être trop accessible?

    Un chef d’orchestre entretient-il le même rapport avec ses musiciens qu’un prêtre avec ses fidèles ? Peut-on dire que, dans les deux cas, leur trop grande humanisation entraine une perte de transcendance ? Vouloir un prêtre trop accessible nous éloigne-t-il du mystère de l’eucharistie ? Je suis musicien classique de formation et j’aime, de temps à autre, aller au concert. J’aime encore plus saisir la vision que l’interprète a de l’œuvre qu’il ressuscite.  L’interprète était cette fois-ci l’Orchestre symphonique du Conservatoire dirigé par Yannick Nézet-Séguin, un chef québécois à la carrière internationale fulgurante.  En deux heures, le public a eu droit à une première lecture

  • L'(anti)culture religieuse d’un millénarial

    J’aime à dire que je suis de la dernière génération à avoir suivi des cours de «religion» à l’école. Comme millénarial, j’ai baigné comme jamais dans la culture religieuse, mais pas n’importe laquelle… Détrompez-vous, je ne garde pas de doux et pieux souvenirs de mes cours d’enseignement religieux. La « religion » nous était enseignée d’une manière livresque, inerte. Et ça, c’est quand on ne nous présentait pas une image d’un Dieu-Jésus-ton-ami-en-sucre-pastel. C’en était à envier nos quelques camarades qui quittaient pour leur mystérieux cours de morale… Je ne veux pas jeter la pierre à ces pauvres professeurs qui devaient faire leur boulot.

  • univers

    Toutes les femmes sont prêtres

    *Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. C’est bien connu et ça dérange de plus en plus de monde : dans l’Église catholique, les femmes ne peuvent pas devenir prêtres. Ça en choque plusieurs, c’est accepté d’un petit nombre et ce n’est compris par à peu près personne. Grand écart ecclésial ? Comme les papes l’ont plus d’une fois rappelée, cet enseignement « définitif et infaillible » ne

  • Leonard Cohen et le Dieu absent

    On ne sait plus parler de Dieu. Et même lorsque, à l’occasion, une personnalité publique s’y essaie, on croirait à tout coup entendre une oraison funèbre : maintenant que Dieu est mort, soulignons ses vertus et à quel point la « spiritualité » nous manque. Leonard Cohen, lui qui a aussi suscité des commentaires posthumes avec la sortie de l’album Thanks for the Dance en novembre dernier, a su mieux parler de Dieu que la plupart de nos contemporains. Il serait pour lui absurde d’affirmer la mort de Dieu. En fait, Dieu est bien vivant dans l’œuvre de Cohen, mais en tant qu’absent. La différence,

  • Quand les organismes renient leur identité

    L’année dernière, l’Œuvre Léger a changé de nom pour Mission inclusion. Sans ambigüité, l’organisme écarte ses références religieuses pour se centrer sur sa mission sociale… non sans soulever plusieurs questions. Les premiers mots qui figurent sur son site web sont: « Nouveau nom, même Mission. Celle de favoriser le mieux-être et l’inclusion sociale des plus démunis de notre société ». Le Cardinal Léger est nommé à titre de fondateur, mais aucune mention n’est faite au sujet de sa foi. On comprend que cette réforme se situe dans le sillon de la laïcisation du Québec. La religion suscite souvent des malaises ou même de l’hostilité parmi

  • Un bon Jack pour toutes les Rose du monde entier

    Quelle fille ne voudrait pas d’un bon Jack? En tout cas, Rose, la Rose du Titanic, elle a dit oui presque tout de suite. Je veux dire, elle a dit oui quand elle a vu que Jack était un «bon» Jack.  Mieux. Elle a vu, ou senti, je ne sais trop, que ce gars-là, ce qui était le moteur de sa vie, le sens de son existence, l’alpha et l’oméga de sa raison d’être, ce n’était rien d’autre que l’amour. Oh! oui, on pourrait dire qu’il était un brin insouciant et qu’il vivait un peu trop de l’air du temps et qu’on

  • univers

    La vie dont je ne suis pas le héros

    Êtes-vous le spectateur ou le héros de votre vie ? C’est la question que nous pose HEROES, le premier jeu de rôle de développement personnel. Un programme où ce n’est plus la connaissance acquise dans des livres, mais l’expérience en immersion réelle qui, promet-on, va enfin changer notre vie. Dites adieu à votre zone de confort. Pour changer il faut se dépasser et pour se dépasser il faut sauter dans la réalité. Jusque-là j’embarque. Le jeu de la vie Mais parce que votre réalité est trop plate, le programme payant va l’augmenter pour vous en y ajoutant quelques collines et ravins,

  • La crise climatique au service de l’âme

    Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. Mt 10,28 La crise climatique que l’on vit actuellement, avec ses acteurs, ses drames quotidiens et ses produits dérivés, nous forcera à terme à remettre en question notre mode de vie. Comme la nature nous l’a si souvent fait sentir, notre âme et notre esprit demandent mieux.  L’élan écologique aura fini par mettre hors-jeu le consumérisme, le capitalisme vorace et le tout-aux-vidanges, produit intérieur brut de la désillusion qui s’ensuit. Ce n’est pas

  • Ariane Beauféray

    L’Australie est en feu, prenez un bain

    Les incendies en Australie ont dévasté 100 000 km2, brulé vif plus d’un milliard d’animaux et tués une trentaine de personnes. De fortes pluies ont également provoqué des inondations, puis des tempêtes de sable et des orages de grêle se sont abattus dans certaines régions. Et pour couronner le tout, le fort taux d’humidité serait également propice à la prolifération d’une araignée venimeuse à Sydney. Je vous écris cela après avoir lu quelques articles de journaux seulement. Ces dernières semaines, je ne me suis pas inquiétée tous les jours pour savoir si les feux étaient en train de diminuer, si la pluie

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