-
Exode des poulets, transmission et patrie
Depuis quelque temps déjà, nous entendons parler de la vente des « fleurons » de la société québécoise et du départ des sièges sociaux d’entreprises qui ont fait la renommée et la fierté de notre peuple. Comment se fait-il que ce soit de plus en plus difficile de garder nos entreprises dans des mains québécoises? Il me semble que le problème en soit un de transmission. Devant cette tendance dans laquelle s’inscrivent les départs du Cirque du Soleil, de Rona et, maintenant, de Saint-Hubert, plusieurs acteurs et commentateurs politiques y sont allés de leur diagnostic. Certains ont mentionné la faible reconnaissance sociale
-

Que savons-nous de Jésus?
Un texte de Mathieu Bock-Côté Recension du Dictionnaire amoureux de Jésus, de Jean-Christian Petitfils*. En 2011, Jean-Christian Petitfils publiait une étonnante biographie de Jésus qui a connu un grand succès. Dans les limites de la connaissance historienne, mais avec une bienveillance manifeste, il entendait atténuer, pour reprendre les mots convenus, la différence entre le Jésus de la foi et le Jésus de l’histoire. Il se posait une question simple: qu’est-ce que l’histoire moderne, avec ses méthodes et ses règles, peut nous apprendre sur Jésus? Il revient à la charge aujourd’hui en signant, dans la collection bien connue des éditions Plon, un
-

Ce pays qui assassine ses prêtres
Un texte du frère Gaston Mumbere, a.a. Il faut le crier haut et fort. Ne jamais se taire devant cette ignominie. Alors jamais. C’est ce qu’avait compris le Père Vincent Machozi, prêtre Assomptionniste. Je le dis au passé, parce qu’il vient d’être assassiné dans la nuit 20 mars 2016. Paix à son âme! Le pays qui assassine ses prêtres*, c’est la République dite démocratique du Congo. Le pays qui enterre chaque jour ses enfants arrachés à la vie à coup de machette. Le pays qui viole et tue, pas simplement « la femme » mais aussi la matrice même de
-

Les belles personnes
La semaine dernière, le premier ministre canadien Justin Trudeau allait en famille visiter le chef d’État américain sortant, Barack Obama. Beaucoup d’encre a coulé au sujet de l’atmosphère décontractée qui les accompagnait. De quoi ont-ils parlé? D’environnement et de changements climatiques, entre autres choses. Des petits clins d’œil nous restent. La vidéo presque virale de Barack Obama qui trébuche sur le mot « Mississauga » ne manque pas de nous faire sourire. La bromance (1) de Justin et Barack fait compétition à la complicité presque instantanée entre leurs femmes respectives. Michelle Obama a trouvé en Sophie Grégoire, dit-elle, une « âme sœur ». Les
-

La grande peur des bienpensants
Hier, 15 mars 2016, il y avait cinq ans tout juste que les troubles à l’ordre public débutaient en Syrie. Nul ne pouvait imaginer alors qu’ils étaient gros de tout un cortège de massacres, de viols, de décollations, d’ambitions génocidaires, de folies califales, de saccages du patrimoine et autres aberrations terroristes dont nous avons perdu le compte depuis, tellement ça pleut. Ces atrocités en cascade ont mis à mal les maigres réserves de compassion de certains, tandis que, chez d’autres, elles ont éveillé des réflexes de solidarité longtemps endormis et comme ankylosés par trop d’insouciance heureuse ou de prospérité nord-américaine.
-

La « Grande-Bretagne, pays chrétien »… Et nous?
La semaine dernière, je suis tombé sur le message de Pâques du premier ministre du Royaume-Uni David Cameron. Je fus agréablement surpris par la grande liberté et la capacité du politicien britannique à affirmer sans honte ni gêne que la « Grande-Bretagne est un pays chrétien ». Faisant fi des élites bienpensantes et de l’idéologie séculariste actuelle, cette forte prise de position m’a poussé à m’interroger sur notre situation au Québec. Sommes-nous toujours une nation chrétienne? Pour bien répondre à cette question, j’ai amorcé une réflexion personnelle sur ce que je considère être les caractéristiques sociales d’une nation chrétienne en 2016. Contrairement au
-

Cachez cet aigle que je ne saurais voir
Jeudi dernier, l’Université Laval lançait sa campagne de financement avec une publicité où l’on voit un alérion, oiseau emblème de l’institution, rattaché aux lettres « UL » par des lignes aux couleurs que les habitants de la Ville de Québec connaissent bien : rouge et or. Samedi, cette image a circulé dans les médias sociaux aux côtés d’une photo du pavillon de l’Allemagne nazie érigé à Paris pour l’Exposition universelle de 1937. Le lendemain, dimanche, les responsables de la campagne annonçaient que la publicité serait modifiée et offrait ses excuses à ceux qui auraient pu être offusqués par l’ancienne version. Tempête dans un
-

Notre repère qui est aux cieux
Le 20 février 1930, l’abbé Mugnier, « aumônier général [des] Lettres » selon le mot de Maurras, notait dans son journal l’opinion de l’écrivain Ramon Fernandez à propos de la vague de conversions au catholicisme que connaissait depuis deux ou trois décennies le milieu intellectuel et littéraire français : « Les catholiques lettrés pourront s’accroitre mais Ramon ne croit pas à l’avenir de la religion catholique car la conscience moderne, dit-il, n’est pas d’accord avec elle (dogme, discipline, morale). » L’ignominie du dogme Personne ne devrait se risquer à des déclarations aussi péremptoires et hasardeuses sur l’avenir du catholicisme ; mais personne ne peut
-

Jugement Alary: le mariage en questions
Un texte d’Antoine St-Hilaire* Un mariage religieux pourrait ne pas avoir de répercussions sur l’union civile. Tous sont restés pantois devant le verdict de la juge Alary : le Barreau du Québec, Alain Roy – président du Comité consultatif sur le droit de la famille, notre premier ministre Philippe Couillard. Même l’avocate du plaignant qui réclame cette dissociation s’étonne du fait que « Québec vien[ne] de changer son fusil d’épaule, sans justification »! Cet étonnement est plus que raisonnable. Le jugement Alary vient brouiller les cartes de la jurisprudence québécoise et de l’interprétation traditionnelle qu’elle faisait du droit familial sur un point bien
-

La prison de l’oubli
[En lien avec le dossier Histoire du numéro de février-mars 2016 du Verbe, voici la reprise d’un article paru l’an passé. Comme quoi, il est toujours bon de se rappeler qu’il ne faut pas oublier…] Ayant perdu la mémoire des temps anciens et le sens de la vénération des livres, vivant à la surface de nous-mêmes, dans un état d’aliénation permanent, nous sommes devenus accros à l’effervescence médiatique et cherchons sans modération à participer à la jactance en alimentant nous-mêmes le caquetage infini qui fait continuellement crépiter la toile. Spectateurs de l’actuelle dislocation du monde occidental, nous sommes devenus, comme
-

Le pape, Trump et Bock-Côté
Mon fil d’actualité Facebook m’annonce, par l’intermédiaire d’un article de l’auteur et sociologue Mathieu Bock-Côté, que le pape François aurait excommunié Donald Trump, candidat aux primaires républicaines, aux États-Unis. J’étais un peu surprise, puisque j’ai suivi la même nouvelle sans avoir eu vent d’une excommunication quelconque. Ma curiosité piquée, j’ai ouvert le lien et lu avec beaucoup d’intérêt l’article de Bock-Côté : je trouve toujours ses chroniques intéressantes. En réalité, Mathieu Bock-Côté parle d’une excommunication « dans les codes de la société médiatique ». Je dois avouer que je suis bien ignorante de ces codes. Cependant, je ne peux qu’exprimer ceci : l’expression, ainsi
-

Carême et cure détox
Encore cette année, je vois certains de mes amis athées faire le carême, ou plutôt s’imposer diverses privations pendant les quarante jours précédant Pâques. L’une s’empêche de manger des sucreries, son péché mignon, alors que l’autre en profite pour amoindrir son addiction à la caféine. L’un se maintient sobre, l’autre arrête de fumer. Quelques commentaires sur cette pratique. Je dois dire d’emblée que j’ai beaucoup de respect pour ces amis. Ils sont le signe vivant que nos traditions chrétiennes se perpétuent dans la culture populaire d’aujourd’hui. Il n’est pas toujours facile de préserver l’héritage religieux de notre famille, de notre
-

Rupture ou continuité : comment enseigner l’histoire?
Depuis quelque temps, le débat sur l’histoire du Québec et le problème de sa transmission refont surface. Méthode, mission, orientation, esprit, valeurs, toutes les raisons inimaginables sont aujourd’hui mises de l’avant pour justifier une énième réforme de son enseignement. Il est évident que l’enseignement de l’histoire est essentiel. Un élève ignorant des faits importants qui ont forgé la société dans laquelle il vit n’aura pas les instruments nécessaires pour s’y insérer et, à son tour, participer à son évolution. Modèle collectiviste s’il en est un, le Québec, nous dit-on, doit se limiter à un seul curriculum. De là émergent les
-

Les enfants de Dieu
Très intéressante cette liste de dieux-obstacles qui empêcheraient les enfants de cette génération de rencontrer Dieu! Cette liste est tirée d’un livre auquel Sophie Tremblay a collaboré et que Jonathan Guilbault recense dans son blogue. En lisant, j’ai eu envie d’en ajouter quelques-uns. Bien sûr, je n’ai ni le style, ni les arguments, ni la formation de cette théologienne, mais j’ai mes petites expériences personnelles. Un Dieu effrayant Détrompez-vous, il ne s’agit pas du Dieu colérique d’une autre époque. Le dieu dont je vous parle ici est plus moderne. Une jeune fille de 15 ans que mon ainée connaissait lui
-

Une croyante peut-elle étudier les sciences humaines?
J’assistais récemment à la première séance du cinquième cours de méthodologie que je fais depuis mon entrée au Cégep. Je ne sais pas si c’est parce qu’on remet souvent en question la scientificité des sciences humaines qu’elles ressentent autant le besoin de s’attarder sur la méthodologie de leurs recherches. Six années d’études plus tard, me voici à la maitrise et j’ai pourtant l’impression qu’on me sert la même soupe réchauffée: méthode scientifique, étude systématique, empirisme, positivisme, démarche hypothéticodéductive, etc. Ceci n’est pas une science Toujours est-il qu’on m’a encore expliqué ce qu’est la science et, surtout, ce qu’elle n’est pas.
-

Le nouveau culte dominical
Le standard beauté des années 2010 n’est plus seulement dans la minceur, mais dans la musculature. On n’a qu’à ouvrir une revue de mode pour s’en rendre compte: un gilet-bedaine, ça se porte avec un six-pack bien découpé. Vous vous demandez comment atteindre cet idéal de la Caramilk abdominale? Un nouveau rituel vous aidera à y parvenir. On se figure que dans « le vieux Canada français » – tsé, celui de la Grande Noirceur? – plusieurs petits groupes de personnes se rendaient fidèlement à l’église, le dimanche matin, pour la messe. Un professeur m’a dit récemment qu’aujourd’hui, on avait évolué : la religion,
-

Comme toi-même
Quand un émigré viendra s’installer chez toi, dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas ; cet émigré installé chez vous, vous le traiterez comme un indigène, comme l’un de vous ; tu l’aimeras comme toi-même… Lv 19, 20 L’épidémie d’agressions sexuelles en Allemagne a occulté une nouvelle moins stupéfiante, mais d’une portée peut-être plus grande encore, diffusée sur le site du Point, le 11 janvier dernier. À cette date, l’hebdomadaire nous apprenait qu’en Allemagne, « Lors de la première semaine de janvier, 22 000 demandeurs d’asile ont été enregistrés par les autorités [et que] les communes ne savent plus où les
-

L’aveuglement laïciste de Charlie
Il y a maintenant un an, une attaque terroriste d’une rare violence provoquait l’assassinat de sang froid des auteurs et caricaturistes du magazine satirique Charlie Hebdo. Bien que j’aie déjà exprimé mon opinion sur le problème que me pose le contenu de ce journal, il m’apparait important de revenir sur la page-couverture de l’édition soulignant ce triste anniversaire. Plusieurs l’ont vu, la caricature principale présente Dieu – prenant la fuite, kalache en bandoulière et tunique maculée de sang – comme le véritable responsable de l’attentat. Cette accusation mérite qu’on s’y attarde puisqu’elle est, selon moi, une des manifestations de notre
-

Spaghetti, sauce à la vilénie
Plus tôt cette semaine, la presse nous apprenait, document officiel à l’appui, que la parodique « Église du Monstre en Spaghettis Volants » (ÉMSV), qui voue un simulacre de culte monothéiste à une grotesque divinité imaginaire, avait obtenu des autorités néozélandaises le droit de célébrer des mariages en toute légalité, repoussant ainsi les limites de la singerie irrévérencieuse qu’elle se plait à être. Au bénéfice de ceux que la Providence ineffable de Dieu aurait préservés jusqu’à ce jour de toute couverture médiatique du phénomène, il faut préciser que l’ÉMSV est une fantaisie sortie du cerveau facétieux d’un américain formé en physique, un
-

Noël au temps du consumérisme
À l’approche de Noël, c’est inévitable, quelques classiques ressurgissent: les chansons, les décorations… et les chroniques dans lesquelles on se demande ce que peut bien encore signifier la fête de Noël. Et avec raison. Que ce soit dans les décorations, ou même dans le langage ordinaire – en fait foi l’expression désormais consacrée « joyeuses fêtes » – il semble que l’aspect religieux de cette fête est de plus en plus évacué au profit d’un sens commercial. Il est même devenu banal, aujourd’hui, de dire que, pour beaucoup, Noël est d’abord et avant tout une fête de la consommation: donner des cadeaux,
-

Quelle identité?
Cette semaine, j’ai écouté le documentaire de Bernard Derome intitulé « Crise d’identité » et dans lequel il tente, selon le synopsis, de répondre à la question suivante : L’identité québécoise, composée d’une histoire, d’une langue et d’une culture distinctes, signifie-t-elle encore quelque chose en 2015? Bien que l’adage selon lequel « poser la question c’est y répondre » m’indiquait que les dés étaient pipés avant même que j’aie regardé le film, je me suis dit que le visionnement en vaudrait la peine, à tout le moins pour l’écriture de la critique que voici, souhaitant qu’elle serve éventuellement d’antidote. Le sujet m’intéressant à priori, j’étais
-

Jeter de l’eau sur la braise
– Madame, on va vous changer de bord, d’accord? L’infirmière fait signe de se tasser à la jeune fille accroupie à la tête du lit. Elle fait un signe pour s’écarter, mais sa grand-maman mourante ne lui lâche pas la main. – Je vais revenir, je ne pars pas… Ils vont juste te changer de bord. Je reste ici. Ne t’en fais pas. Ses yeux sont fermés : ils ne parlent plus. Son visage est à ce moment tendu : c’est avec lui qu’elle s’exprime. Tout ce que son corps absorbe, c’est ce qui endort sa douleur. Mais rien n’endort celle de la
-

Vatican II – histoire d’un concile
À l’occasion du 50e anniversaire de la clôture du concile Vatican II (1962-1965), Le Verbe vous présente un résumé des premiers chapitres de l’ouvrage de Philippe Chenaux intitulé Le temps de Vatican II. Introduction à l’histoire du Concile*, où sont rappelés les étapes préparatoires et le déroulement session par session de ce que Charles de Gaulle considérait comme « l’évènement le plus important du XXe siècle. » L’ouvrage débute par une description du climat ecclésial qui prévalait à Rome et dans la catholicité en général avant l’élection de Jean XXIII. L’Église était alors soumise à deux influences ou dynamiques spirituelles majeures, soit
-

Notre sœur la mort
La Rochefoucauld disait que « ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder fixement ». Pourtant, alors que le mois des morts vient de se terminer, dans les médias on parle abondamment de la mort ces dernières années. On n’a qu’à penser à la « Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité », ou encore au récent jugement de la Cour suprême du Canada demandant l’accès à l’euthanasie. Malgré les apparences, je crois que La Rochefoucauld a raison. Aujourd’hui, dans nos sociétés modernes et sécularisées suivant les nouveaux dogmes laïques, la mort ne représente plus rien : que la fin,
Page précédente

