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    L’aveuglement laïciste de Charlie

    Il y a maintenant un an, une attaque terroriste d’une rare violence provoquait l’assassinat de sang froid des auteurs et caricaturistes du magazine satirique Charlie Hebdo. Bien que j’aie déjà exprimé mon opinion sur le problème que me pose le contenu de ce journal, il m’apparait important de revenir sur la page-couverture de l’édition soulignant ce triste anniversaire. Plusieurs l’ont vu, la caricature principale présente Dieu – prenant la fuite, kalache en bandoulière et tunique maculée de sang – comme le véritable responsable de l’attentat. Cette accusation mérite qu’on s’y attarde puisqu’elle est, selon moi, une des manifestations de notre

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    Spaghetti, sauce à la vilénie

    Plus tôt cette semaine, la presse nous apprenait, document officiel à l’appui, que la parodique « Église du Monstre en Spaghettis Volants » (ÉMSV), qui voue un simulacre de culte monothéiste à une grotesque divinité imaginaire, avait obtenu des autorités néozélandaises le droit de célébrer des mariages en toute légalité, repoussant ainsi les limites de la singerie irrévérencieuse qu’elle se plait à être. Au bénéfice de ceux que la Providence ineffable de Dieu aurait préservés jusqu’à ce jour de toute couverture médiatique du phénomène, il faut préciser que l’ÉMSV est une fantaisie sortie du cerveau facétieux d’un américain formé en physique, un

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    Noël au temps du consumérisme

    À l’approche de Noël, c’est inévitable, quelques classiques ressurgissent: les chansons, les décorations… et les chroniques dans lesquelles on se demande ce que peut bien encore signifier la fête de Noël. Et avec raison. Que ce soit dans les décorations, ou même dans le langage ordinaire – en fait foi l’expression désormais consacrée « joyeuses fêtes » – il semble que l’aspect religieux de cette fête est de plus en plus évacué au profit d’un sens commercial. Il est même devenu banal, aujourd’hui, de dire que, pour beaucoup, Noël est d’abord et avant tout une fête de la consommation: donner des cadeaux,

  • L'hiver à Montréal (Fotolia)

    Quelle identité?

    Cette semaine, j’ai écouté le documentaire de Bernard Derome intitulé « Crise d’identité » et dans lequel il tente, selon le synopsis, de répondre à la question suivante : L’identité québécoise, composée d’une histoire, d’une langue et d’une culture distinctes, signifie-t-elle encore quelque chose en 2015? Bien que l’adage selon lequel « poser la question c’est y répondre » m’indiquait que les dés étaient pipés avant même que j’aie regardé le film, je me suis dit que le visionnement en vaudrait la peine, à tout le moins pour l’écriture de la critique que voici, souhaitant qu’elle serve éventuellement d’antidote. Le sujet m’intéressant à priori, j’étais

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    Jeter de l’eau sur la braise

    – Madame, on va vous changer de bord, d’accord? L’infirmière fait signe de se tasser à la jeune fille accroupie à la tête du lit. Elle fait un signe pour s’écarter, mais sa grand-maman mourante ne lui lâche pas la main. – Je vais revenir, je ne pars pas… Ils vont juste te changer de bord. Je reste ici. Ne t’en fais pas. Ses yeux sont fermés : ils ne parlent plus. Son visage est à ce moment tendu : c’est avec lui qu’elle s’exprime. Tout ce que son corps absorbe, c’est ce qui endort sa douleur. Mais rien n’endort celle de la

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    Vatican II – histoire d’un concile

    À l’occasion du 50e anniversaire de la clôture du concile Vatican II (1962-1965), Le Verbe vous présente un résumé des premiers chapitres de l’ouvrage de Philippe Chenaux intitulé Le temps de Vatican II. Introduction à l’histoire du Concile*, où sont rappelés les étapes préparatoires et le déroulement session par session de ce que Charles de Gaulle considérait comme « l’évènement le plus important du XXe siècle. » L’ouvrage débute par une description du climat ecclésial qui prévalait à Rome et dans la catholicité en général avant l’élection de Jean XXIII. L’Église était alors soumise à deux influences ou dynamiques spirituelles majeures, soit

  • notre sœur la mort

    Notre sœur la mort

    La Rochefoucauld disait que « ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder fixement ». Pourtant, alors que le mois des morts vient de se terminer, dans les médias on parle abondamment de la mort ces dernières années. On n’a qu’à penser à la « Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité », ou encore au récent jugement de la Cour suprême du Canada demandant l’accès à l’euthanasie. Malgré les apparences, je crois que La Rochefoucauld a raison. Aujourd’hui, dans nos sociétés modernes et sécularisées suivant les nouveaux dogmes laïques, la mort ne représente plus rien : que la fin,

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    Quelques mots après Paris…

    Un texte de Laurent Penot Difficile d’écrire sur ce sujet, et en même temps c’est impossible de ne pas en dire un mot sur ce site. Ce sera très partiel, partial, personnel. Quelques jours à peine après la célébration du Christ Roi de l’univers, le scandale est encore plus grand. À moins que la nouvelle ne s’épuise dans une chasse aux sorcières infiltrées en Occident, ou une prétention à nettoyer le monde de ces « parasites »… Comment ce Dieu qui se révèle en Jésus Christ peut-Il permettre ça? Il semble que notre capacité d’indignation s’accroît avec notre capacité à nous identifier

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    La loi, l’Occident et l’islam

    Le 18 novembre dernier, quelques jours seulement après les attentats de Paris, le philosophe français Rémi Brague (1) s’est déplacé à Montréal pour y donner une conférence intitulée Three Foundations of Law (2). Le Verbe a assisté pour vous à cet évènement. Provenant de Paris, il n’aura mentionné les récents attentats qu’à la toute fin de son allocution (3). Or il n’avait pas besoin de le faire. Tout le propos que le professeur Brague venait de développer pouvait aider à comprendre cette tragédie, qui ne serait pas tant l’histoire d’une confrontation entre les « valeurs » de l’Occident et la « barbarie » d’un

  • Photo: Églises à Beauport, Québec (Fotolia)

    Les grands vents de novembre

    Souviens-toi de ma misère et de mon angoisse : c’est absinthe et fiel! Elle s’en souvient, elle s’en souvient, mon âme, et elle s’effondre en moi (Lm 3, 19-20). Le 8 novembre dernier, un article de La Presse + consacré au « discours inspirant » que le cinéaste Bernard Émond a prononcé au Forum sur le patrimoine religieux nous rappelait cette statistique : tous les dix jours, depuis 12 ans, une église disparait du paysage québécois. Notre peuple a donc bazardé ou démoli 432 églises depuis 2003. Si, en tant que chrétien, vous avez comme priorité de maintenir debout l’optimisme, quitte à ce qu’il

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    Les croyants et le bénévolat

    Par Daniel Guérin, Ph.D. Contrairement à ce qu’avance une récente étude publiée par Le Monde, les croyants du monde entier contribuent au mieux-être de leur société d’appartenance par leur intense engagement social. En ces années où le terrorisme à connotation religieuse fait la manchette régulièrement dans les médias du monde entier, plusieurs remettent en question le phénomène religieux lui-même, qui serait selon eux une source de divisions et de conflits dans nos sociétés plutôt qu’une source de paix et de concorde comme il devrait l’être normalement. Il est toutefois important de distinguer le phénomène religieux dans son ensemble, de son

  • La liberté selon René Girard

    Le 4 novembre dernier, le philosophe René Girard s’éteignait à l’âge de 91 ans. Ce professeur de l’université Stanford en Californie, membre de l’Académie française, aura certainement eu une influence importante pendant toute sa carrière. Toutefois, je crois que cette influence ne fait que commencer. Je ne suis pas un spécialiste de la pensée de Girard. Cependant, par pure coïncidence, j’ai lu un de ses livres pas plus tard que l’été dernier. Dans ce livre qui s’intitule « Le Bouc émissaire », il répond à plusieurs critiques de sa grande thèse sur les processus sacrificiels. J’y ai découvert un philosophe

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    À la défense des maisons bien remplies

    Le journal Le Soleil d’hier publiait un « Manifeste pour une maison libre », témoignage d’un homme vivant dans un grand loft vide au cœur du Vieux-Québec – archétype de l’homme postmoderne, dont la liberté déliée peut bien plaire à nos médias et nos élites. L’homme explique comment sa simplicité volontaire – au reste assez sélective et bourgeoise – a affecté son mode de vie et l’aménagement de son logement. Il n’a pas de four, ni de frigo; il dort sur un matelas gonflable; un morceau de bois et quelques coussins lui font office de table et de chaises. Mais il fait

  • Un jeune garçon syrien, dans un camp de fortune près d'une station d'autobus à Belgrade, Serbie (Fotolia)

    Le cri qui vient d’Orient

    Du coup de fouet dans le dos je sens la morsure / De ma sueur dans les yeux je sens la brulure / Élohim, Dieu du ciel : entends-tu, ton peuple appelle! Ce vibrant appel d’une chanson d’un film pour enfants a provoqué chez moi un certain trouble. Bien assise et confortablement installée devant mon ordinateur, à réfléchir à des questions passablement théoriques et « élevées », j’ai ressenti une certaine honte, un certain malaise. Cependant, c’est en entendant ce cri déchirant que je me suis sentie retournée. Cet appel, Hans Zimmer l’a mis dans la bouche des esclaves hébreux dans le film

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    Il faut être absolument chrétien

    Au terme de sa saison en enfer, dans son poème Adieu, se trouvant face à l’automne qui s’avance, et appréhendant la venue du confortable hiver, Arthur Rimbaud s’exclame : « Il faut être absolument moderne ». Sentence que bien des gens ont prise, à tord et à travers, pour slogan, et dont je ne peux me targuer d’en comprendre vraiment le sens. Mais j’en ai du moins tiré ici une inspiration. En ce jour de la Toussaint, me retrouvant face à la bienheureuse assemblée céleste, cette myriade de myriades toute de blanc drapée, formée de ceux qui viennent de la grande

  • Bibliothèque du Parlement, Ottawa (Fotolia)

    La souplesse des identités partisanes

    Cette campagne électorale, d’une longueur inégalée, a certainement permis à tous les Canadiens de se faire une idée du type de gouvernement qu’ils désiraient. Il y a quelques semaines, la Conférence des évêques catholiques du Canada publiait un guide pour aider les citoyens catholiques à voter en conformité avec les exigences de la charité dans notre monde d’aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, ce changement de garde sur la Colline nous suggère une certaine santé démocratique. L’élection derrière nous, il serait désolant de considérer notre devoir accompli. En effet, la politique demande une implication et un souci constants. Que ce soit

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    La lutte avec l’ange: réflexions sur l’Occident (2 de 2)

    Pour lire la première partie, cliquez ici. Depuis des lustres, l’Occident libéral-libertaire mène sa lutte contre l’ange de Dieu, à l’instar du patriarche Jacob. Et comme il n’a pas encore vécu l’échec cuisant (la blessure à la hanche) qui le guérira de sa démesure (ce que Bertrand Vergely appelle si justement « la tentation de l’homme-Dieu »*), il continue de se poser en juge imperturbable et inflexible de ce que fait et dit l’Église. À l’hostilité des critiques, que les gargouilles médiatiques dégorgent sans cesse, se mêle souvent l’espoir de voir l’Église changer. Au gré des déclarations perçues comme plus ou moins

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    La lutte avec l’ange: réflexions sur l’Occident (1 de 2)

    Avec son message de miséricorde et de fraternité vécues, le pape François est parvenu à modifier l’attitude des grands médias occidentaux à l’égard de l’Église catholique. On peut se demander toutefois si la guerre froide médiatique entre l’Église et l’Occident libéral-libertaire ne reprendra pas bientôt. La contribution du pape François à l’assainissement des relations entre ces deux pôles de pouvoir idéologique (pour parler un langage de sciences humaines) est inestimable. Elle ouvre des chemins de dialogue nouveaux et pleins de promesses. Cependant, la détente qui prévaut grâce au pape argentin depuis 2013 pourrait connaitre une fin abrupte après la clôture du

  • Photo: Wikimedia (Edgar Jiménez - CC)

    Une Église en « révolution permanente »?

    Depuis son élection, le pape François ne cesse de surprendre la planète par son style personnel très marqué. Pour employer la célèbre formule du Concile Vatican II, le pape François évangélise gestis verbisque (en parole et en acte). Ces mots, qui furent également prononcés dans le discours de Barack Obama lors du passage du pape François à la Maison Blanche, expliquent à eux seuls l’immense succès, à tout le moins selon nos pauvres lunettes médiatiques, que remporte notre bienaimé pape. Selon moi, ce succès, dont l’accueil très positif des médias américains est un signe éclatant, est dû au fait que

  • Photo: Courtoisie Missionnaires de l'Évangile

    L’idéal contemplatif

    La révolution au plan théorique, décrite dans mes deux articles précédents (Après Kant, le déluge et Une encyclique politique ?) ne pourra pas se faire sans être accompagnée d’un mode de vie respirant, pour ainsi dire, de celle-ci. Nous devrons donc abattre le mur qui nous détache de notre histoire occidentale et reconsidérer à sa juste valeur une époque depuis longtemps mise au rancart: le Moyen âge. Du point de vue des philosophies dites modernes, l’époque médiévale était un âge sombre où régnaient l’obscurantisme et la superstition et d’où le savoir scientifique et technologique avait eu la plus grande misère du

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    La famille au défi du progressisme

    À la veille de la Rencontre mondiale des familles qui se tiendra à Philadelphie en présence du pape, quelques réflexions sur l’idéologie dominante de notre temps : le progressisme, qui entraine un bouleversement des idées et des mœurs relatives à la vie familiale. Dans ce texte : révolution sexuelle des années soixante, militantisme LGBT et « réingénierie » de la famille par l’État. À une époque de domination presque sans partage de la vulgate progressiste dans les médias, le retour au fondement philosophique de la pensée semble être la seule réaction saine de l’intelligence et de l’instinct devant les dérives déconstructivistes et utopistes des

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    Après Kant, le déluge

    Au Québec, on le sait, on trouve toujours que l’été a passé trop vite. C’est d’autant plus vrai si l’on considère l’immensité de la matière à assimiler si nous désirions nous atteler à la vision écologique du pape François telle que présentée dans son encyclique Laudato si’. De la même manière qu’Evangelii Gaudium peut-être considérée comme le programme pastoral du pape argentin, Loué sois-tu Seigneur pourrait très facilement être qualifiée de programme « séculier » en ce sens qu’elle est destinée à tous les hommes et femmes de bonne volonté. Comme j’en faisais mention dans mon article précédent, ce haut document magistériel

  • Photo: Pete Souza (wikimedia - CC)

    Une encyclique politique ?

    Cela fait cinq ans que l’encyclique Laudato Si du pape François est parue. En 2015, vaticanistes et journalistes politiques s’en donnaient à cœur joie en faisant des projections et des analyses de la future visite du souverain pontife en sol américain. Mais il semble que plusieurs d’entre eux soient passés à côté du message essentiel de cette encyclique. Bien sûr, la tournée américaine de septembre 2015 avait de quoi attirer l’attention. Il s’agissait de la première visite d’un pape sud-américain aux États-Unis et qui, de surcroit, est reconnu pour ses positions très critiques face aux idéologies néolibérales. Après un court

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    Les fondements de l’islam

    Dans le contexte social actuel, les polémiques autour de l’islam sont légion. Elles touchent le djihad, le halal, la charia, le voile, la construction de mosquées… D’un débat l’autre (comme dirait Louis-Ferdinand Céline) chacun se fait sa petite idée. Mais au-delà des divers débats sur l’un ou l’autre aspect de cette religion, d’aucuns se questionnent sur son essence, qui n’apparait pas clairement, puisque, dans un contexte de fort clivage idéologique, des discours contradictoires s’affrontent et créent la confusion.  Beaucoup en effet perçoivent l’islam comme une menace à notre civilisation, tandis que d’autres le voient comme un enrichissement à la trame

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