Magazine
Page précédente
  • Photo: Michael Gaida (Pixabay)

    D#1/ Le citoyen et le client

    D#1/ Discernement. Le discernement, cela signifie faire la part des choses. C’est faire preuve de perspective. La grande mésentente de notre époque porte sur la confusion à propos des mots. Ce face à quoi il faut faire preuve de discernement, et de toute urgence, c’est la pensée. Ce sont les mots. Éviter la confusion sur le sens des mots, c’est le premier pas vers une société meilleure. * Dans le domaine académique où j’œuvre, il est maintenant la norme d’entendre parler de clientèle, non pas d’élèves. Actuellement, la baisse de la « clientèle » dans les institutions d’éducation supérieure semble inquiéter davantage que l’effondrement de

  • Vigile du 30 janvier 2017 en soutien à la communauté musulmane de Québec (photo: James Langlois).

    La crise de l’homme moderne face au libéralisme

    Un texte d’Olivier Pelletier L’attentat du 29 janvier dernier à la grande mosquée de Québec a soulevé de nombreuses questions. Olivier Pelletier a tenu à interroger les aspects relativistes et individualistes caractéristiques du libéralisme ambiant afin de dégager une réflexion sur les racines profondes du drame. 1. La crise Nous vivons une crise. Qu’est-ce à dire ? La formule banale est répétée à l’envi, de telle sorte qu’on en oublie trop souvent le sens. Le mot « crise » vient du grec ancien krísis (κρίσις) qui signifie « décision » ou « jugement ». La crise est donc un moment où une décision s’impose, où il faut

  • Photo: Passant en Égypte (Fotolia)

    Honte de quoi ?

    Le Caire, Égypte. 6h50 du matin. La cafetière est sur le rond, je me prépare à célébrer la messe avec le prêtre et l’autre séminariste avec qui je suis en mission. J’ai l’idée d’aller voir mes courriels. Choc.  Ma sœur m’apprend qu’il y a eu une fusillade à la mosquée sur le chemin Sainte-Foy, dans le quartier de mon enfance… Je n’en crois pas mes yeux. Je vérifie sur un site de nouvelles. Ce n’est que trop vrai. Je fige. L’angoisse monte, la mort cerne mon âme, que s’est-il passé? Que faire devant un mal si gratuit ? Je me

  • Illustration: Fotolia

    Machiavel à l’Élysée

    Nicolas Sarkozy ne sera pas de la présidentielle française du printemps prochain. Il n’est pas moins utile de se pencher sur le type de personnage public qu’il a été…  J’ai récemment lu le dernier livre de Patrick Buisson, La cause du peuple : l’histoire interdite de la présidence Sarkozy. Bien que j’en recommanderais modérément la lecture au Québec (le livre est lourdement chargé d’anecdotes politiques françaises), il m’apparait être un ouvrage important pour l’implication future des catholiques en politique. Outre la rétrospective historique du quinquennat Sarkozy, ce livre nous permet de prendre un peu de hauteur par rapport à l’actualité, et

  • Photo: Fotolia

    La liberté sans éthique est liberticide

    Un texte de Steeve Lavoie* Dans de mon dernier article, je défendais l’importance de la culture religieuse comme moyen, entre autres, de combattre l’intégrisme religieux. Ici, je voudrais illustrer l’importance de l’autre volet du cours que je donne à mes étudiants du secondaire, à savoir l’éthique. Car elle aussi est prise à partie de nos jours… même si c’est de façon insidieuse. Qu’y a-t-il de pire, pour les assoiffés de liberté que nous sommes, que de faire ou de se faire faire la morale? Heureusement, on ne peut pas encore se faire faire l’éthique. (Ça viendra sans doute.) Car l’éthique,

  • Illustration: Fotolia

    Pharmacopée pour perfectionniste

    Dans l’armoire, classez-vous vos tasses selon leur couleur ? Dans votre portefeuille, ordonnez-vous vos billets de banque selon leur valeur ? Dans votre bibliothèque, est-ce que vos livres sont alignés du plus grand au plus petit ? Est-ce que le moindre commentaire vous concernant vous taraude l’esprit pendant plusieurs jours d’affilée ? Est-ce que votre lit est impeccable comme celui des soldats des Forces armées canadiennes ? Vos cheveux abritent-ils une quantité incroyable de bobby pins, qui servent à retenir la moindre mèche qui oserait s’esquiver de l’élastique ? Si vous avez répondu « oui » à plusieurs de ces questions, il y a de

  • Photo: Fotolia

    La vie intellectuelle (pour les nuls)

    J’appartiens à une génération d’étudiants qui n’a pas connu de professeurs. Les maitres auxquels nous avons eu affaire exerçaient la fonction d’enseignant ; ils se définissaient d’abord comme des « passionnés » et se montraient dès lors moins soucieux de nous former, de nous donner une éducation solide et cohérente, que de nous « transmettre leur passion ». Ces professeurs que je n’ai pas eu la chance de rencontrer, je me fais un devoir de leur réserver une section de ma bibliothèque, où j’accumule précieusement leurs ouvrages, dans l’intention non seulement de les relire, mais encore de les léguer à mes enfants un jour. Parmi

  • Image: Fotolia

    L’État gestionnaire et marchand: comment s’en sortir?

    Depuis quelque temps déjà, l’actualité nous submerge de nouvelles sur la politique. Que ce soit les élections américaines, les primaires françaises ou les élections partielles au Québec, les médias, analystes, chroniqueurs et partis politiques n’ont de cesse de nous manifester l’importance des enjeux et du processus électoral de nos démocraties. Manifestement, l’Église ne manque pas le bateau avec la publication du document du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France intitulé Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique. Puisque, comme tous les citoyens, les catholiques doivent prendre leurs responsabilités en s’informant et en s’engageant dans

  • Photo: Fotolia

    Délit d’entrave (version québécoise)

    Là, c’est urgent. Pas de niaisage. À l’heure où la France est en plein débat sur la question du délit d’entrave numérique, le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette légifère en accéléré! Allez, pas de nouveau projet de loi – ça prend trop de temps – on va en amender un existant. La cause de cette presse? Les mautadits manifestants « anti-choix ». Eux autres! Des vrais p’tits voyous. Tellement qu’ « en février 2016, la députée péquiste Carole Poirier avait dévoilé le projet de loi 595, destiné à aménager une zone permettant aux anti-choix d’ ‘exerce[r] leur droit de manifester’ aux abords

  • Image: Fotolia

    Sortir de l’aveuglement collectif

    Le 9 novembre dernier, au petit matin, Donald J. Trump devenait le 45e président des États-Unis. Cette élection, qui fut une surprise pour plusieurs, est révélatrice pour les raisons mêmes qui la rendirent imprévisible aux experts. Ce n’est pas un hasard si bon nombre d’articles écrits après l’élection n’ont pas seulement disserté sur celle-ci. Ils se sont, en effet, penchés sur le mirage qu’a représenté, à bien des égards, la couverture médiatique de cette campagne. Comment les médias et sondeurs ont-ils pu se tromper à ce point ? Bien sûr, cette stupéfaction générale s’explique en partie par la marge d’erreur

  • Donald Trump (photo par Gage Skidmore, Wikimedia - CC)

    « Je ne crains aucun mal »

    Je n’ai pratiquement pas dormi de la nuit. En plus, j’ai un mal de chien dans le dos. Hier soir, en me couchant, j’avais encore un peu d’espoir. Mais ce matin, la réalité cogne dur : Trump est président des États-Unis. Merde. Ce n’est rien pour arranger mon humeur. (Cela dit, une victoire de Clinton n’aurait pas été non plus une occasion de faire la fête…) Mon Dieu! Où est-ce qu’on s’en va? J’écoute les commentaires des journalistes patentés, je regarde le thermomètre financier du monde et je constate que la page web d’Immigration Canada a explosé. Il y a de

  • Maria lactans (auteur inconnu, école d'Antwerp), autour du 17e siècle. Wikimedia Commons.

    Les seins de la Vierge contre la pudibonderie?

    Dans l’émission du 31 octobre d’On n’est pas du monde, je m’inquiétais sur la place que prend de plus en plus la pornographie dans l’espace public. Mais je terminais en proposant, comme contrepoids à cette culture pornographique une redécouverte d’un art érotique authentique. Pour vaincre le mensonge, il ne suffit pas de crier dessus. Cela risque même d’avoir les effets contraires de ceux désirés et de donner plus d’emprise encore au mal. Contre le mensonge, il faut proposer la vérité. Aussi, contre le mensonge visuel qu’est la pornographie, il faut proposer la beauté. La beauté sauvera le monde. Dostoïevski « La

  • Photo: Fotolia

    Scandales à l’IOR: l’Église n’est pas une utopie

    L’automne est arrivé et avec lui la rentrée scolaire, parlementaire et le retour des bonnes vieilles habitudes qui parsèment notre vie quotidienne. Pour compléter ce portrait quelque peu stéréotypé, il manquait cependant la polémique anticléricale de service. C’est certainement à cette intention louable que désirait répondre la diffusion du reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada sur le Vatican. Alors que je m’installais confortablement devant ce que j’imaginais déjà être une heure de « Church bashing », je suis resté surpris d’y voir un portrait nuancé de l’institution romaine. Réalisé par Alain Crevier, le reportage Les batailles de François détonne par rapport à

  • Photo: Fotolia

    La culture religieuse : remède au fanatisme

    Un texte de Steeve Lavoie* Jean-François Lisée voudrait remplacer le cours d’éthique et culture religieuse par un cours d’éthique et citoyenneté québécoise. Dit comme ça, on comprend que ce n’est pas l’éthique qui pose problème. L’éthique est utile, tout le monde a l’air de s’entendre là-dessus, même si les réponses varient considérablement lorsqu’on demande ce que c’est exactement. Faites l’essai, pour voir. De toute façon, on l’a dit, le problème n’est pas l’éthique, c’est la culture religieuse. Mais, ici encore, il semble que l’on ne s’entende pas sur ce que c’est. Selon Jean-François Lisée, le Ministère de l’Éducation et de

  • Photo: Pascal Huot (Fotolia)

    Le socle vaseux du cours d’ÉCR

    Un texte de Jean Laberge* Récemment, des auteurs, partisans du laïcisme pur et dur, qui ne souscrivent pas à la propagation de la religion dans nos écoles, ont attaqué le cours ECR dans La face cachée du cours ECR (Leméac). Par ailleurs, la décision de la Cour suprême d’exempter une institution privée d’enseignement catholique (le collège Loyola) du cours ECR, a remis le débat sur la table. Antoine Robitaille a parlé d’une « reconfessionalisation », et Mathieu-Bock Côté réaffirme son mantra voulant qu’ECR soit le véhicule de l’infâme multiculturalisme. À mon avis, ce n’est pas tant le pluralisme prôné par

  • Photo: Fotolia

    Vers la virocratie

    On le sait, toute société démocratique implique que ceux qui prétendent être les plus adaptés à gouverner aient à employer les « armes » de persuasion mises à leur disposition afin de convaincre le plus grand nombre. Dans la Grèce antique, l’Agora était le lieu où les rhéteurs, sophistes et philosophes débattaient de la solidité des propositions. Aujourd’hui, sur la place publique « virtuelle », divertissement et politique s’entremêlent étrangement. Environ 2500 ans plus tard, l’art de persuader, bien qu’ayant eu le temps de subir plusieurs mutations, perdure jusqu’à nos jours comme le moyen le plus légitime pour obtenir l’exercice des plus hautes fonctions

  • Image: Fotolia

    La croix n’est pas une pilule

    Je ne sais pas si vous avez noté la même chose que moi, mais, de nos jours, il m’est très difficile d’avoir une conversation sur la religion. Notez bien que je ne me réfère pas ici à la désormais célèbre réunion familiale où les conversations sont souvent aseptisées par le Guy A. Lepage de substitution qu’est devenue la conscience de nombreux Québécois. Au contraire, je parle ici de cette tendance à toujours faire dévier les questions religieuses vers des questions de morale, pour ne pas dire de morale sexuelle. « Pourquoi vas-tu à la Messe? Tu savais pas que l’Église est

  • Réalité augmentée, Platon et Nintendo

    Depuis un peu plus d’une semaine, le fil de l’actualité est inondé par des nouvelles en lien avec le nouveau jeu vidéo pour téléphone intelligent, Pokemon Go. Reprenant les bases du populaire jeu de Nintendo, ce nouvel opus a surtout populariser plus largement le concept de « réalité augmentée ». Cette idée « désigne les systèmes informatiques qui rendent possible la superposition d’un modèle virtuel 2D ou 3D à la perception que nous avons naturellement de la réalité et ceci en temps réel ». En d’autres mots, le jeu Pokemon Go permet à ses adeptes de voir, à travers l’écran de son téléphone intelligent,

  • Photo: Fotolia

    Le temps d’un été

    L’été, on dirait que le temps ralentit. Peut-être est-il écrasé, lui aussi, par la chaleur accablante de ce pays qui oublie, le temps d’une saison, qu’il est nordique. Et alors, au son des cigales et du balancement paresseux des branches vertes et lourdes, les minutes deviennent des heures, les semaines s’étirent, infinies comme le ciel d’aout. On fait des projets, on se promet de travailler, et aussi de se reposer, de terminer ce roman commencé à Noël dernier, de faire le ménage du garage ou une randonnée, de dormir à en être épuisé… Mais sans se presser, tranquillement. Après tout,

  • Ressusciter la démocratie

    Trop souvent, nous nous contentons de classer ce que nous offre l’actualité dans des catégories irréfléchies, comme le font des petits enfants remplissant leur « jeu de formes géométriques », mettant ainsi nos triangles de plastique conceptuels dans le vide triangulaire du cube de notre cervelle. Le dernier livre de Mathieu Bock-Côté nous invite à toute autre chose. Même les plus critiques d’entre nous n’échappent pas à ce risque, remplaçant aisément les notions à la mode et moralisatrices de « progrès » et « d’égalité » par celles de « décadence » et de « fin de civilisation ». La vision que nous avons de la société peut être très

  • Photo: Île Bonaventure et Rocher Percé (Fotolia)

    Fiers d’être quoi?

    La Solennité de la Saint-Jean-Baptiste arrive à grand pas et avec elle un ensemble de manifestations et revendications concernant l’identité nationale. J’aimerais offrir ici ma contribution aux différentes réflexions que l’on entendra certainement sur ce sujet de l’identité québécoise au cours du Colloque* intitulé Pour une guérison de la mémoire au Québec organisé par l’Observatoire Justice & Paix et qui aura lieu le 25 juin prochain dans la vieille capitale. Qui sommes-nous? Qu’est-ce donc que l’identité québécoise ? Quelle est son essence ? Plusieurs bibliothèques ne suffiraient pas à définir celle-ci, étant, comme toutes les réalités humaines, mystérieuse au sens

  • La liseuse, par Jean-Honoré Fragonard — National Gallery of Art (CC)

    Comme un moinillon méditatif

    Mathieu Bock-Côté, sociologue (Ph. D.), auteur (dernier titre paru: Le multiculturalisme comme religion politique, Cerf, 2016), chroniqueur au Journal de Montréal et collaborateur à de nombreux périodiques français et québécois (dont Le Verbe), a eu l’excellente idée d’interroger quelques bipèdes férus de lecture (j’en suis un, sans l’ombre d’un doute) pour leur demander de témoigner de leur amour viscéral des livres. Mes réponses ont été publiées sur son blogue le 3 juin dernier. On peut les lire en suivant ce lien.

  • Photo: sculpture antique de la déesse Artemis (Fotolia)

    Le vrai mythe

    Les penseurs de l’Occident moderne affirment parfois qu’ils peuvent envisager un Dieu philosophique mais pas un Dieu religieux. L’existence de Dieu, tel que défini par les arguments philosophiques, peut leur sembler crédible dans une certaine mesure. Mais l’existence de Dieu, tel que défini par la révélation religieuse, leur paraît ridicule et invraisemblable. De la même façon, on estime que l’existence des extraterrestres est crédible alors que celle du Père Noël ne l’est pas. On peut envisager ce qui est lointain et hypothétique, mais on rejette d’emblée ce qu’on sait être inventé. Ainsi, on exclut de croire en la révélation religieuse

  • Cyrano, par Zacharie Heince, 1611-1669 (Wikimedia - CC)

    La dignité de Cyrano

    Un texte de Catherine Mongenais Tout le monde connait l’histoire de Cyrano de Bergerac, le fameux personnage d’Edmond Rostand qui, à cause d’un nez qu’il avait très vilain et même gros, décida d’aimer en silence la femme de sa vie – Roxanne – et davantage encore, par amour pour elle, aida Christian (un beau gars) à la séduire en écrivant des lettres à sa place. Quelle histoire tragique que ce triangle amoureux partagé entre un jeune homme au physique admirable mais à l’esprit ordinaire et un poète doué mais laid! Encore aujourd’hui, ce drame est plutôt connu chez les francophones.

Page suivante

Aidez-nous avec un don

Le Verbe, un média 100 % gratuit

Je veux donner