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La foi n’est pas un doute affadi (2e partie)
[Pour lire la première partie, cliquez ici] « Toi qui scrutes les profondeurs de Dieu, Toi qui illumines les yeux de notre coeur, Toi qui te joins à notre esprit, Toi par qui nous réfléchissons la gloire du Seigneur, Nous te magnifions. » Feu et lumière (chant à l’Esprit Saint – Communauté de l’Emmanuel) En mars, j’ai écouté l’émission Répliques du 24 février 2018, intitulée Être catholique aujourd’hui, dans laquelle Alain Finkielkraut interrogeait, à titre d’animateur, deux figures du catholicisme français: Denis Moreau et Rémi Brague. Devant ses invités croyants, le penseur incroyant s’est cru autorisé à faire de la foi une variante du doute et de l’angoisse.
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La foi n’est pas un doute affadi
Lors d’une émission de radio intitulée Être catholique aujourd’hui, Alain Finkielkraut, philosophe juif et incroyant, retraité de l’enseignement, auteur de nombreux essais sur la culture et l’esprit du temps, interrogeait, avec toute la courtoisie possible, deux figures du catholicisme français: Denis Moreau, venu présenter son livre Comment peut-on être catholique? (Seuil, 2018) et Rémi Brague, auteur de l’essai Sur la religion (Flammarion, 2018). Si je n’avais guère lu une ligne du premier invité au moment d’écouter cette livraison de l’émission Répliques (je n’ai toujours rien lu à ce jour, mais c’est davantage faute de temps que d’intérêt et je ne désespère pas de remédier prochainement à
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Dans les pas de Domitien
La Providence a fait en sorte que mon article Big Caesar is watching you : l’Apocalypse, archétype dystopique? paraisse dans la revue Le Verbe (hiver 2018) au moment où les médias canadiens portaient à l’attention du pays les minables manigances ourdies par le gouvernement fédéral pour forcer les organismes communautaires qui n’ont pas l’heur de lui plaire à faire (par le biais d’un formulaire) une profession de foi progressiste (donc régressiste), sans quoi ce serait l’asphyxie financière. Or, mon modeste exposé sur quelques aspects du livre de l’Apocalypse de Jean voulait surtout rappeler comment les chrétiens de la fin du Ier siècle
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Pas très futé, Weight Watchers!
Écrit en collaboration avec la nutritionniste Pascale Bélanger. Weight Watchers, la plus ancienne et la plus vaste entreprise offrant des programmes de perte de poids au monde, a récemment annoncé qu’elle offrirait l’adhésion gratuite aux adolescents et adolescentes de 13 à 17 ans. Cette mesure vise à lutter contre l’obésité infantile et, accessoirement (mais pas tant que ça), à doubler les revenus de l’entreprise d’ici 2020. La nouvelle n’est pas passée sous silence, ni dans le réseau de la santé, ni sur la place publique. Plusieurs ont catégorisé cette décision d’irresponsable, de contre-productive, et même de dangereuse. Le régime du bon
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Jamais deux sans trois
Depuis quelques semaines déjà, l’actuel gouvernement fédéral met de l’avant son agenda d’ingénierie sociale. « Jamais deux sans trois » comme le dit le proverbe. Après l’annonce de la réforme des programmes de subvention discriminant certaines positions philosophiques jugées intolérables et l’imposition de directives niant les repères identitaires fondamentaux, il était donc à prévoir que le gouvernement Trudeau allait sortir un autre lapin de son chapeau. C’est ce qu’il a fait la semaine dernière en lançant sa sonde d’opinion selon laquelle il pourrait être possible dans un avenir rapproché de légaliser la rémunération des dites «mères porteuses». Bien qu’il se présente sous le
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Le Brésil face à la déferlante évangélique
Des paroisses catholiques qui se vident de leurs fidèles au profit des églises évangéliques où les pregadores chantent et jouent de la guitare électrique. Des joueurs de football qui affichent leur foi à la fin des matchs en enfilant des bandeaux à la gloire de Jésus. Des quartiers situés en périphérie des grandes villes surnommés « ceintures pentecôtistes ». Des dizaines de parlementaires de tous les partis qui se coalisent pour défendre les intérêts de leurs églises. Une société réputée pour ses carnavals hauts en couleur où certains croyants choisissent désormais de s’habiller plus sobrement. Qui l’aurait cru ? Bienvenue dans le Brésil
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Mesdames et messieurs
La semaine dernière, le gouvernement de Justin Trudeau a encore une fois fait la manchette sans vraiment savoir pourquoi. Poursuivant sa descente tant dans les sondages et que dans l’indécence, les libéraux persistent et signent concernant leurs engagements fermes d’éclairer les consciences sur les impératifs moraux de 2018.Formule de politesse oblige, éviter le risque de microagression que comporteraient les formules « monsieur et madame » est désormais une priorité pour les fonctionnaires de Service Canada. Depuis G. K. Chesterton, on dit souvent que notre monde est « rempli de vertus chrétiennes devenues folles ». Il me semble que cette expression est particulièrement appropriée pour
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La porno ou la fin de l’érotisme
On asservit les peuples plus facilement avec la pornographie qu’avec des miradors. – Alexandre Soljenitsyne Le tremblement de terre qui nous traverse lorsque nous sommes mis pour la première fois devant ces images, ce mélange d’horreur et de curiosité. Le genre d’impression que personne n’oublie. Nous avons l’impression d’être initiés à un secret, terrifiant et séduisant à la fois, nous croyons avoir fait la grande découverte… aussi inquiétante puisse-t-elle être. La boite de Pandore! Puis un jour, nous nous réveillons et nous sommes juste écœurés. Nous sentons que nous passons à côté de quelque chose d’essentiel. Nous savons, nous avons toujours
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Tous en Abraham
« L’histoire humaine regorge de religions différentes et opposées. Il n’est pas raisonnable de prétendre que l’une de ces innombrables religions est la seule vraie religion. » Voilà l’une des objections les plus communes à l’encontre de la foi chrétienne. Un fait est incontestable : les religions humaines sont nombreuses et variées. On peut en dénombrer des milliers au fil de l’histoire. Si on s’attendait à ce que Dieu se révèle en ne permettant l’existence que d’une seule religion, il est facile de conclure que Dieu n’existe pas. Cependant, les religions n’ont pas toutes prétendu être la seule vraie religion. Au contraire, presque
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Le bazar postmoderne de Michel Maffesoli
Michel Maffesoli est un sociologue qu’il faut lire pour comprendre le monde actuel. Dans son dernier ouvrage Être postmoderne publié aux éditions du Cerf, le penseur revient sur l’ensemble de son œuvre en proposant en quelque sorte une synthèse de celle-ci. Tous les thèmes qui l’ont fait connaître (ceux-ci étant inévitablement liés) s’y retrouvent : le retour du religieux, la fin du contrat social, la division de la population en une multitude de « tribus », le déclin du politique et l’ensauvagement du monde. Il faut bien comprendre que Michel Maffesoli n’est pas un promoteur actif de la nouvelle époque qu’il voit
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La Trinité est-elle phallocentrique?
Fiston à la faculté de Théo Depuis leur dernier échange familial sur la Trinité, Fiston n’en dort plus. Il se rend donc au bureau d’une ancienne prof de Théo. – Bonjour, je peux vous déranger? – Ça dépend… – Je suis sur piste qui va vous plaire! L’autre jour à table, nous discutions de la place de l’Esprit Saint dans la Trinité. Prenant l’icône de la Sainte Famille, nous disions que si le Père n’est père qu’en tant qu’il engendre le Fils, il n’est Père qu’en tant qu’il a une Épouse pour lui donner la vie. – Vous appuyez votre
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La fausse ouverture de Justin Trudeau
Depuis quelque temps déjà, une polémique fait rage, surtout au Canada anglais, concernant la volonté mise de l’avant par le gouvernement libéral de Justin Trudeau de bannir du programme de subvention pour les emplois d’été tous les groupes ayant des affiliations pro-vie. Nous le savons depuis longtemps, le catholicisme de Justin Trudeau ne dépasse pas les limites de la doxa « progressiste ». Alors même qu’il était dans la course à la chefferie, il avait affirmé sa volonté ferme d’exclure tous les candidats pro-vie de son parti, politique qualifiée par certains «d’erreur de jeunesse» (12 :50) . Cette position maladroite revient aujourd’hui comme un boomerang:
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Comment prendre son pied sans se les casser
Un texte d’Anne-Sophie Richard De nos jours, il est aisé de croire qu’il n’y a plus de restrictions en matière de sexualité. Pour plusieurs, le consentement serait le principe et la fin d’une sexualité épanouie. Rien n’est moins certain. Le discours ambiant semble tenir à cette idée que, si chacun consent, le sexe est bien fait. (Le ministère de la Santé vous prie toutefois de jouer prudemment afin d’éviter d’attraper une maladie désagréable.) Mais qu’est-ce que cela implique? Consentir signifie accepter que quelque chose se fasse, se passe. À quoi consentent donc deux personnes, parfois deux inconnus, qui s’adonnent ensemble
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Ni Marx ni Marduk
« Car la loi du monde est le refus. » – Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) À la fin de L’envers de la révolte, j’ai promis d’expliquer, dans un prochain article, pourquoi « Les mythologies du progrès, même les plus flambant neuves [pensons au progressisme contemporain], ont […] des affinités secrètes avec la cosmologie païenne du Moyen-Orient ancien comme avec celle élaborée par le fumeux courant gnostique, au début de notre ère ». Pareille assertion n’a rien d’évident, j’en suis bien conscient. Et on peut se demander si l’effort intellectuel qui consiste à rapprocher des réalités culturelles aussi différentes,
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Il faut réenchanter le sexe!
Dans le cadre de notre dernier dossier Amour libre, Simon Lessard animera prochainement à Montréal, Sherbrooke et Québec des conférences-causeries sur les difficiles relations entre Dieu et le sexe. Nous lui avons posé quelques questions afin d’entamer les préliminaires ! Le Verbe : Dieu et le sexe ne semblent pas faire bon ménage. Pouvons-nous dire que Dieu est pour ou contre le sexe ? Simon Lessard : La question est évidemment un faux dilemme. N’oublions pas que c’est Dieu qui a créé le sexe, ce n’est pas une erreur de la nature, c’est au contraire au cœur du processus naturel de la
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L’envers de la révolte
Nul ne l’ignore: rien ne tourne bien rond en ce bas monde. Nul n’ignore, par exemple, que trop souvent « la justice entre les mains des puissants n’est qu’un instrument de gouvernement comme les autres », ainsi que le fait dire Georges Bernanos (1888-1948) à l’un de ses personnages (1), dans le Journal d’un curé de campagne. D’ailleurs, s’interroge la même créature imaginaire, « pourquoi l’appelle-t-on justice? Disons plutôt l’injustice, mais calculée, efficace, basée entièrement sur l’expérience effroyable de la résistance du faible, de sa capacité de souffrance, d’humiliation et de malheur. L’injustice maintenue à l’exact degré de tension qu’il faut pour
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Pour un libéralisme adulte
Dire que les dix ou vingt dernières années ont été celles de l’avènement du néo-libéralisme est devenu un lieu commun. Chez les intellectuels de gauche comme de droite, plus personne n’en doute: la forme la plus axée sur l’économie de la philosophie libérale prédomine. Un peu partout dans le monde, les États deviennent les promoteurs de cette idéologie alors qu’il en était initialement le contraire. Je suis de ceux et celles qui considèrent le libéralisme (tant politique qu’économique) comme relativement conforme à la « nature humaine », donc comme une manière sensée d’organiser la société. Je le préfèrerai toujours aux idéologies
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De Sainte-Foy à Tibhirine
Au moment même où nous commémorons l’attentat de la Mosquée de Québec, la pensée du frère Christian de Chergé peut nous aider à comprendre, non seulement notre connaissance du Christ, mais également le sens profond que peuvent révéler de telles tragédies. Vendredi dernier, le pape François signait le décret de béatification des 19 martyrs d’Algérie parmi lesquels figurent les désormais célèbres moines de Tibhirine. Nous connaissons bien l’histoire de ces hommes qui, par amour pour Dieu et le peuple algérien, avaient décidé de rester dans leur monastère, et ce, malgré la double menace islamiste et militaire. L’un deux, le frère Christian de Chergé, avait
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Chinoiseries
Alors que le premier ministre Philippe Couillard est en voyage en Chine à la tête d’une délégation québécoise surtout composée d’acteurs du monde des affaires, il est bon de se rappeler qu’on peut penser notre rapport avec ce pays quadrimillénaire en des termes qui ne sont pas qu’économiques, mais aussi philosophiques, religieux, éthiques et politiques. Modestement, c’est ce que ce collage de chroniques, précédé d’une notice inédite, invite à faire. * Depuis longtemps je m’intéresse à la Chine. À la fin des années 1990, alors que j’étais au bac, j’ai même pensé me spécialiser en philosophie chinoise. La très noble
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La politique de Peter Pan
Philippe Muray, mort en 2006, avait déjà décrit cette « nouvelle humanité » puérile, empourprée et postillionnante, qui ne veut pas qu’on lui fasse bobo (1). Aujourd’hui, elle régente l’opinion et règne presque sans partage sur nos campus universitaires, nos plateaux de télévision, nos collines parlementaires, soit en y occupant des positions qui lui assurent le contrôle effectif du milieu et sa sanctuarisation, soit en y faisant triompher, à distance, grâce à la pression du conformisme, à la menace de l’ostracisme, à la veulerie du grégarisme, certains interdits d’ordre intellectuel et discursif, dont la transgression entraîne la disqualification morale des contrevenants.
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L’Apocalypse, archétype dystopique?
Ainsi, il faut comprendre l’époque où est écrite l’Apocalypse, et savoir qu’alors Domitien était César. – Victorin de Poetovio, Sur l’Apocalypse (texte datant de 258-260). Peu de gens savent que le dernier livre de la Bible est un chef-d’œuvre de la littérature antitotalitaire. C’est en poussant plus avant l’étude de l’Apocalypse que le lecteur comprend qu’il est devant une œuvre de l’Antiquité ayant des accointances avec la littérature dystopique, dont le plus remarquable exemple est peut-être 1984. Dans ce roman antistalinien de George Orwell, Big Brother assure le triomphe de l’ordre totalitaire par le maintient d’un État policier. Dans l’Apocalypse,
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Pas d’amalgame!
Depuis la montée des enjeux liés à l’islam en Occident, plusieurs personnalités ont manifesté leur ouverture à son endroit, y compris au sein même de l’Église catholique. Chaque fois qu’un attentat terroriste est revendiqué en son nom, on évoque le caractère pacifique de cette religion. Dans un discours prononcé en juin 2009 à l’Université du Caire, Barak Obama affirmait que l’islam avait une « fière tradition de tolérance » qu’on pouvait clairement percevoir dans l’histoire de l’Andalousie et du Califat de Cordoue. Pour l’ancien président américain comme pour plusieurs autres politiciens, l’islam semble parfaitement compatible avec les grandes valeurs de la civilisation occidentale.
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Une fin et un commencement
Un texte de Louis Dionne En apparence, naissance et mort sont des oxymores, en apparence seulement puisque je crois qu’elles sont plutôt des adéquations. Lisez ces lignes et faites votre opinion. Les quelques données suivantes vous donneront l’occasion de trouver votre réponse, si réponse il y a. Martine Tanghe, une bénévole en soins palliatifs en Belgique, s’est elle-même posé la question: la naissance et la mort seraient-elles un commencement et une fin ou une fin et un commencement? Que la naissance soit une fin de la vie utérine et un commencement de la vie terrestre, ç’est une évidence, mais peut-on croire que
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La Trinité, une histoire de famille
Voici les Veilleux; une famille d’intellos ayant Dieu pour sujet d’obstination préféré : Popi : Théologien de tradition latine, spécialiste de saint Augustin. Momi : Féministe soft, bibliste de formation. Fiston : Écologiste intégral, charmé par la pensée chrétienne orientale. Fillette : Tente de suivre sa famille, mais préfère tout de même jouer avec ses figurines. * * * Chacun lit autour de la table de la cuisine, alors que la petite joue au papa et à la maman. Popi relève la tête de son carnet de notes. Popi : Ah! Si je finis par aboutir dans mon raisonnement sur le mystère de la Trinité… Ça
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