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Faut-il avoir peur de la rectitude politique?
L’accroissement continuel de la bonté et de la sensibilité fait qu’il est de plus en plus commun de tenir compte des réalités diverses. Parler d’acceptation de l’autre, de respect et de tolérance est devenu un lieu commun. Nous discutons aussi davantage de leur corolaire : la rectitude politique. Elle est une chose fantastique, sous-estimée et peu appréciée pour elle-même. Plusieurs s’en déclarent allergiques, d’autres la conspuent et la majorité, peut-être, ne sait même pas qu’elle existe. Ingrats petits vauriens. Omettons un instant le fait qu’il est possible aujourd’hui de tenir à peu près n’importe quel genre de discours ou même de
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Les environnementalistes, ces conservateurs qui s’ignorent
Très loin de l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes, les environnementalistes sont fondamentalement des conservateurs qui s’ignorent. Comme l’ont remarqué plusieurs commentateurs, le mouvement de la grève pour le climat est le combat d’une génération. On l’a vu la semaine dernière à Montréal : l’intensification des gestes d’éclat est à prévoir. Depuis quelques années maintenant, le mouvement écologiste est sorti des marges. Il est devenu un mouvement de fond, une cause commune autour de laquelle citoyens et politiciens doivent se positionner. En ce sens, la figure de Greta Thunberg a révélé et opéré la convergence des forces de la jeunesse, déjà sensible
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L’avortement : le maillon faible de la gauche?
C’est désormais une tradition : la campagne électorale canadienne a ramené au premier plan la question de l’avortement. Constatant la forte proportion des Canadiens favorables à son accès légal, on peut comprendre que tout parti cherchant sérieusement le pouvoir souhaite éviter le sujet. Par contre, si la tendance se maintient, nous pouvons prévoir que, loin d’être clos, le débat sur le statut légal des enfants à naitre surgira de nouveau. Il est donc plus que jamais nécessaire d’accroitre notre connaissance des principes fondamentaux sur cette question. Peut-être pourrait-on ainsi réintroduire un peu de logique dans ce débat on ne peut plus
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Pour qui sauver la planète?
«C’est une chose terrible à dire, mais pour stabiliser la population mondiale, nous devons éliminer 350 000 personnes par jour.» Cette déclaration choc du commandant Jacques-Yves Cousteau, figure emblématique des environnementalistes, a fait le tour du monde en 1991. Trois décennies plus tard, il ne meurt encore naturellement qu’environ 157 000 personnes par jour. Comment exactement le commandement Cousteau envisageait-il d’éliminer les 193 000 autres? Sacrifier l’homme pour sauver la terre. Cette manière de penser révèle que ce n’est pas tant la planète qui est en danger, mais plutôt l’humanité. C’est nous qui sommes menacés d’extinction, voire d’extermination. Car la planète survivra certainement, mais
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Imposez vos règles au boulot
Est-il possible d’aménager des horaires de travail plus respectueux des cycles féminins? La philosophe française Marianne Durano pense que oui. Dans son récent essai Mon corps ne vous appartient pas, la jeune auteure formule une proposition ambitieuse: «Laisser une plus grande marge de manœuvre aux femmes dans l’organisation de leur temps de travail» (p. 104). Deux sexes, deux temporalités Respecter la temporalité féminine, c’est à la fois permettre aux travailleuses de vivre pleinement leur maternité et donner une chance aux mères de mieux intégrer le marché du travail. Voilà la conciliation travail-famille pensée dans une perspective globale. Plus largement, respecter la
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Combien d’étoiles voyez-vous?
Aout 2003. New York, la ville qui ne dort jamais, s’assoupit. Dans une panne d’électricité historique, les gratte-ciels s’éteignent et révèlent un autre ciel. Du jamais vu pour les New-Yorkais. Quelle est donc cette étrange trainée lumineuse qui fend la nuit en deux? Le service de police reçoit un nombre élevé d’appels téléphoniques de citoyens inquiétés par l’étrange spectacle de la… Voie lactée. Il existe bel et bien des citadins pour qui l’observation du ciel nocturne et de ses myriades d’étoiles est inconnue. Et d’autres pour qui le fait de vivre dans une galaxie et d’en être témoin par une
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Manger plus de ciel
Le discours apocalyptique est sur toutes les lèvres. Il serait minuit moins une pour sauver l’humanité d’un nouveau déluge. Il nous faut changer et changer vite, pour garder l’espérance du salut terrestre de l’humanité. Mais comme dans le récit de Noé, les causes profondes de la catastrophe écologique ne sont pas météorologiques, mais eschatologiques. L’humanité s’étant détournée de son Créateur, «la création a été soumise au pouvoir du néant» (Rm 8, 19). Ce texte est tiré de l’édition papier du magazine Le Verbe, été 2019. Pour consulter la version numérique, cliquez ici. Pour vous abonner gratuitement, cliquez ici. Réformer l’homme On prêche
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Considérations sur l’homme divisé
Cette année, longue est la liste des morceaux de notre patrimoine culturel et religieux qui ont été détruits, abandonnés ou marqués par une vétusté forçant leur fermeture. De Gaspé à Gatineau, en passant par la capitale et la métropole, chacun connait un bâtiment dont l’existence est menacée par notre indifférence et la férocité des intérêts commerciaux. Cette « sournoise tentation de la mort » est une ombre qui nous poursuit et commence à nous rattraper. Quelque chose en nous-mêmes n’accepte pas notre passé et veut le réduire comme peau de chagrin. L’homme d’ici n’est plus dominé, si ce n’est que par
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Quand l’identitaire supplante le religieux
Des sociologues parlent d’un retour du religieux dans les sociétés occidentales. Du religieux plus que de la religion, car les formes institutionnelles de celle-ci ne seraient plus vraiment appelées à perdurer. Dans certaines régions du monde, les autorités religieuses voient leur influence s’amenuiser au profit de groupes religieux complètement autonomes. En Afrique et en Amérique latine, la montée des évangéliques, parallèlement au déclin relatif du catholicisme, illustre cette réalité. Michel Maffesoli fait partie des penseurs pour qui le désenchantement du monde a fait son temps. Les idéologies modernes n’auraient jamais su remplacer Dieu, créant plutôt un immense vide chez les
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L’État et la charité
Dans mon précédent billet, nous avons cherché à comprendre ce que signifient de nos jours les concepts de « gauche » et de « droite ». Si l’État se fait aujourd’hui le garant du filet social, interrogeons-nous cette fois sur le type de positionnement que l’Église pourrait porter dans l’avenir. S’appuyant sur des principes à la fois spirituels (la Révélation) et naturels (sa tradition philosophique et juridique), l’Église ne pourra se repositionner qu’en conformité avec ceux-ci. Sacrifier la charité sur l’autel de la justice Dans son encyclique deus caritas est, Benoît XVI offre des réflexions profondes sur l’exercice de la
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La résilience : mode d’emploi pour survivre dans ce monde de fou !
Paul Donders, le fondateur d’xpand originaire des Pays-Bas, était au Canada dernièrement et en a profité pour donner une conférence grand public sur la résilience. Plus de 100 personnes l’ont écouté religieusement à l’église Saint-Thomas d’Aquin de Québec. Et dans cette atmosphère de fin du monde on comprend pourquoi. L’art subtil de s’en foutre La résilience est un principe psychologique en vogue. Le livre le plus vendu sur Amazon cette année est le provoquant L’Art subtil de s’en foutre de Marc Manson que vous avez peut-être aperçu avec sa couverture orange dans les kiosques d’aéroport… mais que vous n’avez pas osé
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Pour dépasser la confrontation gauche-droite
L’été approche et, comme à chaque année, les travaux parlementaires cesseront durant la période estivale. Bien que la société, elle, ne prenne pas de vacances, il est heureux que les politiciens et les citoyens puissent s’arrêter un moment pour faire le point sur le travail accompli, pour faire des projections et, on l’espère, pour réfléchir sur les différentes tendances lourdes auxquelles le pouvoir législatif doit apporter de sages solutions, dans les limites de ses compétences. De fait, nous vivons à une époque de profondes transformations. Les axes politiques sur lesquels se positionnent les partis doivent donc toujours être réévalués. Rien
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Un Cro-Magnon au cœur tendre?
Quand on conçoit la Préhistoire, on se fonde sur peu de connaissances. Nous observons quelques reliques archéologiques à partir desquelles nous spéculons sur les modes de vie de nos ancêtres. Sylvain Aubé explore ici l’hypothèse d’un homme préhistorique un peu moins brut que dans notre imaginaire. La Préhistoire m’inspire une fascination croissante. Cette période de l’humanité est à la fois immense et obscure. L’histoire humaine recoupe environ cinq-mille ans alors que sa préhistoire en recoupe des centaines de milliers. L’ensemble de l’expérience humaine est presque entièrement dénuée de traces écrites. Nos idées sur la Préhistoire relèvent donc en grande partie
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Notre avenir mérite d’avoir un passé
L’incendie de Notre-Dame de Paris a fait rejaillir à la face du monde que l’âme des nations s’incarne dans des symboles. La France redécouvre ses racines chrétiennes, l’importance de la continuité et, une fois de plus, la fragilité de sa personnalité collective. La cause exacte de l’incendie, toujours inconnue, est peut-être d’un intérêt relatif : l’embrasement de la célèbre cathédrale, en pleine Semaine sainte, est à l’image des sociétés occidentales qui peinent à porter leur héritage. En un clin d’œil, les fortunes françaises ont sorti leur chéquier pour aider à la reconstruction de Notre-Dame. Alors même qu’un soupir de soulagement s’en
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Je crois pour comprendre et je comprends pour croire
Dans un billet publié plus tôt cette semaine – octave de Pâques – Sébastien Lévesque pose la question : peut-on croire en Dieu? Je tiens à souligner les bienfaits et la nécessité d’une telle réflexion dans l’espace public. Le catholique que je suis, ayant de surcroit étudié la philosophie et la théologie, tenait néanmoins à apporter un éclairage complémentaire à la posture du chroniqueur. Dans notre société moderne, caractérisée par un esprit scientifique, matérialiste et rationaliste, tous conviennent qu’il est absurde de croire à quelque chose ou en quelqu’un sans motifs suffisants et crédibles. Connaître une réalité par le biais du
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De la mystique du progrès à la mystique tout court?
Le plus récent ouvrage de Mathieu Bock-Côté sortira demain dans les librairies du Québec. L’auteur, dont les travaux jouissent d’un écho certain en France, a aussi son lot de disciples et de détracteurs au Québec. Notre chroniqueur Francis Denis a lu L’empire du politiquement correct et nous explique, dans ce compte-rendu, en quoi la contribution intellectuelle du sociologue est à la fois incontournable et insuffisante. Longue de 263 pages et complétée d’une abondante bibliographie, cette analyse engagée nous dresse un portrait éclairant de la logique et des critères régissant la conversation médiatique. On y rencontre d’abord les intérêts, idéologies, méthodes
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Sait-on vivre le Samedi saint?
Que se passe-t-il le Samedi saint? On a vu Jésus mourir la veille, dans l’après-midi, et on sait qu’il va ressusciter le jour de Pâques, même si la célébration commence la nuit précédente. On a pleuré le vendredi, on se réjouit le dimanche. Mais le samedi, entre les sanglots et la joie, hormis la préparation du gigot, comment le vit-on? Le christianisme est, par excellence, la religion de l’homme, mais pas n’importe lequel. Elle est la voix de celui qui, par sa croix, se vide totalement de lui-même pour, au fond de cet abime, rencontrer la plénitude de Dieu. Vide
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Mythe ou complot : la Grande Noirceur sous la loupe
Depuis quelque temps déjà, on voit apparaitre sur la place publique l’influence de ce qu’on appelle communément les « théories du complot ». Au-delà des médias sociaux où elles sont légion : platistes, reptiliens, Illuminati, antivaccins, etc. ont le vent dans les voiles! Ce qui est nouveau, par contre, c’est que leur influence a tellement augmenté qu’elles ont aujourd’hui un réel poids social et politique. On pourrait nommer ce phénomène la « convergence intersectionnelle du complotisme ». Comme l’a très bien démontré Sylvain Aubé, personne n’est à l’abri de ce genre de raccourci intellectuel, encore moins les grandes agences de presse. Pour Francis Denis, plusieurs éléments
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Debout devant la croix
À la suite de mon dernier texte intitulé « Plus jamais », Mathieu Hart a écrit un commentaire en me posant une question plus que pertinente : quels sont, selon moi, les éléments « que nous voulons collectivement le moins questionner ? ». Cela faisait référence à la vision psychanalytique de Carl. A. Jung pour qui les solutions à nos problèmes se trouvent souvent là où nous voulons le moins regarder. J’aimerais aujourd’hui lui répondre en plus de manifester en quoi l’Église pourrait ressortir grandie de cette expérience traumatisante. Deux niveaux d’analyse Dans un premier temps, nous devons reconnaitre que cette méthode jungienne est
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Quand la raison s’enferme hors du monde
Peut-on tout comprendre? Et si oui, est-ce nécessaire pour raisonner adéquatement? Notre blogueur s’appuie sur la riche réflexion de Gilbert K. Chesterton développée dans Orthodoxy pour examiner la question. « Tous les gens veulent me tuer », dit le paranoïaque. « Mais non, personne ne veut te tuer », répond le thérapeute. « C’est exactement ce que diraient les gens s’ils voulaient me tuer! », conclut le paranoïaque. La folie du sceptique Avec un peu de recul, il faut admettre que le raisonnement du paranoïaque est sans faille. Si les gens voulaient le tuer, on ne le lui dirait pas. On le lui cacherait, et on inventerait
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D#5/ Je suis un mortel qui ne sait pas se nommer
D#5/ Discernement. Cela signifie faire la part des choses. C’est faire preuve de perspective. La grande mésentente de notre époque porte sur la confusion à propos des mots. De toute urgence, il faut faire preuve de discernement face aux mots et à leur usage. Éviter la confusion sur le sens des mots, c’est le premier pas, je le crois, vers une société meilleure. Pour lire les autres textes de la chronique Discernement, cliquez ici. Le Verbe, pour son numéro de printemps, aborde la thématique sur la mort. Quelle belle idée ! Parce que, disons-le franchement, on ne parle pas de la mort.
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L’étrange parenté entre le progressisme et le christianisme
Je suis frappé par une similitude inattendue entre le progressisme et le christianisme : une radicale quête de rédemption. Malgré l’incompatibilité de leurs normes morales et de leur métaphysique, cette similitude est fondée sur une vérité profonde de l’expérience humaine : nous cherchons à (re)trouver un état d’innocence. Si les deux messages résonnent dans l’esprit humain, si les deux discours suscitent l’adhésion de gens condamnés par ces mêmes discours, c’est parce que, dans les tréfonds de notre conscience, nous savons que nous sommes coupables et nous souhaitons être disculpés. Nous désirons être émancipés de nos fautes. Nous aspirons à être libérés de
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« Plus jamais »
Poursuivant notre réflexion déjà amorcée précédemment sur l’interprétation fondamentale à donner à la crise des abus sexuels dans l’Église, j’aimerais aujourd’hui essayer de voir ce qui, dans cette situation tragique, est apte à la faire évoluer dans le bon sens, ce qui peut nous aider à opérer un renouvèlement global, à la hauteur des enjeux de notre temps. Suivant le tournant fondamental, sous-jacent au Sommet sur la protection des mineurs au Vatican, d’une Église « qui n’évite pas, mais qui affronte » ses problèmes (11:25), nous sommes appelés, à la fois, à une démarche de vérité sur nous-mêmes et à une véritable
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Un examen de conscience nécessaire
Dimanche dernier se clôturait au Vatican le Sommet sur la protection des mineurs. Rétrospectivement, on peut dire que la semaine dernière fut un véritable chemin de croix pour l’Église. Or, comme catholiques, nous savons que la Passion est un évènement aussi douloureux que salutaire. Nous pouvons affirmer que ce nouveau positionnement d’une Église qui, au lieu de chercher plus à se protéger elle-même, se met plutôt en position d’accueil et d’accompagnement des victimes sur le chemin de la guérison, est un immense pas sur le chemin de la conversion. Alors que le Saint-Siège faisait son mea culpa institutionnel, les acteurs et
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