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Combien d’étoiles voyez-vous?
Aout 2003. New York, la ville qui ne dort jamais, s’assoupit. Dans une panne d’électricité historique, les gratte-ciels s’éteignent et révèlent un autre ciel. Du jamais vu pour les New-Yorkais. Quelle est donc cette étrange trainée lumineuse qui fend la nuit en deux? Le service de police reçoit un nombre élevé d’appels téléphoniques de citoyens inquiétés par l’étrange spectacle de la… Voie lactée. Il existe bel et bien des citadins pour qui l’observation du ciel nocturne et de ses myriades d’étoiles est inconnue. Et d’autres pour qui le fait de vivre dans une galaxie et d’en être témoin par une
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Manger plus de ciel
Le discours apocalyptique est sur toutes les lèvres. Il serait minuit moins une pour sauver l’humanité d’un nouveau déluge. Il nous faut changer et changer vite, pour garder l’espérance du salut terrestre de l’humanité. Mais comme dans le récit de Noé, les causes profondes de la catastrophe écologique ne sont pas météorologiques, mais eschatologiques. L’humanité s’étant détournée de son Créateur, «la création a été soumise au pouvoir du néant» (Rm 8, 19). Ce texte est tiré de l’édition papier du magazine Le Verbe, été 2019. Pour consulter la version numérique, cliquez ici. Pour vous abonner gratuitement, cliquez ici. Réformer l’homme On prêche
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Considérations sur l’homme divisé
Cette année, longue est la liste des morceaux de notre patrimoine culturel et religieux qui ont été détruits, abandonnés ou marqués par une vétusté forçant leur fermeture. De Gaspé à Gatineau, en passant par la capitale et la métropole, chacun connait un bâtiment dont l’existence est menacée par notre indifférence et la férocité des intérêts commerciaux. Cette « sournoise tentation de la mort » est une ombre qui nous poursuit et commence à nous rattraper. Quelque chose en nous-mêmes n’accepte pas notre passé et veut le réduire comme peau de chagrin. L’homme d’ici n’est plus dominé, si ce n’est que par
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Quand l’identitaire supplante le religieux
Des sociologues parlent d’un retour du religieux dans les sociétés occidentales. Du religieux plus que de la religion, car les formes institutionnelles de celle-ci ne seraient plus vraiment appelées à perdurer. Dans certaines régions du monde, les autorités religieuses voient leur influence s’amenuiser au profit de groupes religieux complètement autonomes. En Afrique et en Amérique latine, la montée des évangéliques, parallèlement au déclin relatif du catholicisme, illustre cette réalité. Michel Maffesoli fait partie des penseurs pour qui le désenchantement du monde a fait son temps. Les idéologies modernes n’auraient jamais su remplacer Dieu, créant plutôt un immense vide chez les
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L’État et la charité
Dans mon précédent billet, nous avons cherché à comprendre ce que signifient de nos jours les concepts de « gauche » et de « droite ». Si l’État se fait aujourd’hui le garant du filet social, interrogeons-nous cette fois sur le type de positionnement que l’Église pourrait porter dans l’avenir. S’appuyant sur des principes à la fois spirituels (la Révélation) et naturels (sa tradition philosophique et juridique), l’Église ne pourra se repositionner qu’en conformité avec ceux-ci. Sacrifier la charité sur l’autel de la justice Dans son encyclique deus caritas est, Benoît XVI offre des réflexions profondes sur l’exercice de la
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La résilience : mode d’emploi pour survivre dans ce monde de fou !
Paul Donders, le fondateur d’xpand originaire des Pays-Bas, était au Canada dernièrement et en a profité pour donner une conférence grand public sur la résilience. Plus de 100 personnes l’ont écouté religieusement à l’église Saint-Thomas d’Aquin de Québec. Et dans cette atmosphère de fin du monde on comprend pourquoi. L’art subtil de s’en foutre La résilience est un principe psychologique en vogue. Le livre le plus vendu sur Amazon cette année est le provoquant L’Art subtil de s’en foutre de Marc Manson que vous avez peut-être aperçu avec sa couverture orange dans les kiosques d’aéroport… mais que vous n’avez pas osé
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Pour dépasser la confrontation gauche-droite
L’été approche et, comme à chaque année, les travaux parlementaires cesseront durant la période estivale. Bien que la société, elle, ne prenne pas de vacances, il est heureux que les politiciens et les citoyens puissent s’arrêter un moment pour faire le point sur le travail accompli, pour faire des projections et, on l’espère, pour réfléchir sur les différentes tendances lourdes auxquelles le pouvoir législatif doit apporter de sages solutions, dans les limites de ses compétences. De fait, nous vivons à une époque de profondes transformations. Les axes politiques sur lesquels se positionnent les partis doivent donc toujours être réévalués. Rien
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Un Cro-Magnon au cœur tendre?
Quand on conçoit la Préhistoire, on se fonde sur peu de connaissances. Nous observons quelques reliques archéologiques à partir desquelles nous spéculons sur les modes de vie de nos ancêtres. Sylvain Aubé explore ici l’hypothèse d’un homme préhistorique un peu moins brut que dans notre imaginaire. La Préhistoire m’inspire une fascination croissante. Cette période de l’humanité est à la fois immense et obscure. L’histoire humaine recoupe environ cinq-mille ans alors que sa préhistoire en recoupe des centaines de milliers. L’ensemble de l’expérience humaine est presque entièrement dénuée de traces écrites. Nos idées sur la Préhistoire relèvent donc en grande partie
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Notre avenir mérite d’avoir un passé
L’incendie de Notre-Dame de Paris a fait rejaillir à la face du monde que l’âme des nations s’incarne dans des symboles. La France redécouvre ses racines chrétiennes, l’importance de la continuité et, une fois de plus, la fragilité de sa personnalité collective. La cause exacte de l’incendie, toujours inconnue, est peut-être d’un intérêt relatif : l’embrasement de la célèbre cathédrale, en pleine Semaine sainte, est à l’image des sociétés occidentales qui peinent à porter leur héritage. En un clin d’œil, les fortunes françaises ont sorti leur chéquier pour aider à la reconstruction de Notre-Dame. Alors même qu’un soupir de soulagement s’en
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Je crois pour comprendre et je comprends pour croire
Dans un billet publié plus tôt cette semaine – octave de Pâques – Sébastien Lévesque pose la question : peut-on croire en Dieu? Je tiens à souligner les bienfaits et la nécessité d’une telle réflexion dans l’espace public. Le catholique que je suis, ayant de surcroit étudié la philosophie et la théologie, tenait néanmoins à apporter un éclairage complémentaire à la posture du chroniqueur. Dans notre société moderne, caractérisée par un esprit scientifique, matérialiste et rationaliste, tous conviennent qu’il est absurde de croire à quelque chose ou en quelqu’un sans motifs suffisants et crédibles. Connaître une réalité par le biais du
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De la mystique du progrès à la mystique tout court?
Le plus récent ouvrage de Mathieu Bock-Côté sortira demain dans les librairies du Québec. L’auteur, dont les travaux jouissent d’un écho certain en France, a aussi son lot de disciples et de détracteurs au Québec. Notre chroniqueur Francis Denis a lu L’empire du politiquement correct et nous explique, dans ce compte-rendu, en quoi la contribution intellectuelle du sociologue est à la fois incontournable et insuffisante. Longue de 263 pages et complétée d’une abondante bibliographie, cette analyse engagée nous dresse un portrait éclairant de la logique et des critères régissant la conversation médiatique. On y rencontre d’abord les intérêts, idéologies, méthodes
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Sait-on vivre le Samedi saint?
Que se passe-t-il le Samedi saint? On a vu Jésus mourir la veille, dans l’après-midi, et on sait qu’il va ressusciter le jour de Pâques, même si la célébration commence la nuit précédente. On a pleuré le vendredi, on se réjouit le dimanche. Mais le samedi, entre les sanglots et la joie, hormis la préparation du gigot, comment le vit-on? Le christianisme est, par excellence, la religion de l’homme, mais pas n’importe lequel. Elle est la voix de celui qui, par sa croix, se vide totalement de lui-même pour, au fond de cet abime, rencontrer la plénitude de Dieu. Vide
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Mythe ou complot : la Grande Noirceur sous la loupe
Depuis quelque temps déjà, on voit apparaitre sur la place publique l’influence de ce qu’on appelle communément les « théories du complot ». Au-delà des médias sociaux où elles sont légion : platistes, reptiliens, Illuminati, antivaccins, etc. ont le vent dans les voiles! Ce qui est nouveau, par contre, c’est que leur influence a tellement augmenté qu’elles ont aujourd’hui un réel poids social et politique. On pourrait nommer ce phénomène la « convergence intersectionnelle du complotisme ». Comme l’a très bien démontré Sylvain Aubé, personne n’est à l’abri de ce genre de raccourci intellectuel, encore moins les grandes agences de presse. Pour Francis Denis, plusieurs éléments
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Debout devant la croix
À la suite de mon dernier texte intitulé « Plus jamais », Mathieu Hart a écrit un commentaire en me posant une question plus que pertinente : quels sont, selon moi, les éléments « que nous voulons collectivement le moins questionner ? ». Cela faisait référence à la vision psychanalytique de Carl. A. Jung pour qui les solutions à nos problèmes se trouvent souvent là où nous voulons le moins regarder. J’aimerais aujourd’hui lui répondre en plus de manifester en quoi l’Église pourrait ressortir grandie de cette expérience traumatisante. Deux niveaux d’analyse Dans un premier temps, nous devons reconnaitre que cette méthode jungienne est
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Quand la raison s’enferme hors du monde
Peut-on tout comprendre? Et si oui, est-ce nécessaire pour raisonner adéquatement? Notre blogueur s’appuie sur la riche réflexion de Gilbert K. Chesterton développée dans Orthodoxy pour examiner la question. « Tous les gens veulent me tuer », dit le paranoïaque. « Mais non, personne ne veut te tuer », répond le thérapeute. « C’est exactement ce que diraient les gens s’ils voulaient me tuer! », conclut le paranoïaque. La folie du sceptique Avec un peu de recul, il faut admettre que le raisonnement du paranoïaque est sans faille. Si les gens voulaient le tuer, on ne le lui dirait pas. On le lui cacherait, et on inventerait
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D#5/ Je suis un mortel qui ne sait pas se nommer
D#5/ Discernement. Cela signifie faire la part des choses. C’est faire preuve de perspective. La grande mésentente de notre époque porte sur la confusion à propos des mots. De toute urgence, il faut faire preuve de discernement face aux mots et à leur usage. Éviter la confusion sur le sens des mots, c’est le premier pas, je le crois, vers une société meilleure. Pour lire les autres textes de la chronique Discernement, cliquez ici. Le Verbe, pour son numéro de printemps, aborde la thématique sur la mort. Quelle belle idée ! Parce que, disons-le franchement, on ne parle pas de la mort.
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L’étrange parenté entre le progressisme et le christianisme
Je suis frappé par une similitude inattendue entre le progressisme et le christianisme : une radicale quête de rédemption. Malgré l’incompatibilité de leurs normes morales et de leur métaphysique, cette similitude est fondée sur une vérité profonde de l’expérience humaine : nous cherchons à (re)trouver un état d’innocence. Si les deux messages résonnent dans l’esprit humain, si les deux discours suscitent l’adhésion de gens condamnés par ces mêmes discours, c’est parce que, dans les tréfonds de notre conscience, nous savons que nous sommes coupables et nous souhaitons être disculpés. Nous désirons être émancipés de nos fautes. Nous aspirons à être libérés de
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« Plus jamais »
Poursuivant notre réflexion déjà amorcée précédemment sur l’interprétation fondamentale à donner à la crise des abus sexuels dans l’Église, j’aimerais aujourd’hui essayer de voir ce qui, dans cette situation tragique, est apte à la faire évoluer dans le bon sens, ce qui peut nous aider à opérer un renouvèlement global, à la hauteur des enjeux de notre temps. Suivant le tournant fondamental, sous-jacent au Sommet sur la protection des mineurs au Vatican, d’une Église « qui n’évite pas, mais qui affronte » ses problèmes (11:25), nous sommes appelés, à la fois, à une démarche de vérité sur nous-mêmes et à une véritable
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Un examen de conscience nécessaire
Dimanche dernier se clôturait au Vatican le Sommet sur la protection des mineurs. Rétrospectivement, on peut dire que la semaine dernière fut un véritable chemin de croix pour l’Église. Or, comme catholiques, nous savons que la Passion est un évènement aussi douloureux que salutaire. Nous pouvons affirmer que ce nouveau positionnement d’une Église qui, au lieu de chercher plus à se protéger elle-même, se met plutôt en position d’accueil et d’accompagnement des victimes sur le chemin de la guérison, est un immense pas sur le chemin de la conversion. Alors que le Saint-Siège faisait son mea culpa institutionnel, les acteurs et
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La prise du pouvoir par les sans-calottes
Si l’art de la controverse s’est perdu (quelque part entre les deux guerres), Alex La Salle s’affaire à maintenir en vie ce type de joute littéraire qui, au risque de froisser quelques surplis bien repassés et quelques t-shirts fluos de « JÉSUS », a au moins l’avantage de nous servir la langue de Bloy comme remède à la langue de bois. « Si une erreur s’introduit dans les esprits, c’est grâce toujours à quelque vérité qu’elle déforme. Il doit y avoir au coeur de la Réforme luthérienne quelque illusion foncière qu’il importe de rechercher. Pour cela, il n’est pas de meilleure méthode que
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Voici l’homme!
«Voici l’homme!» C’est l’exclamation prononcée par Ponce Pilate quand il présente un Jésus ensanglanté, trahi, fatigué, sale. Quelque chose de plus profond, de plus poignant que l’apparence physique ou les paroles d’un Jésus complètement anéanti saisit tous ceux qui le rencontrent. Quoi? Qu’est-ce qui fait qu’un homme peut être si attirant, si beau et bon, et ce, même – surtout – s’il est muet et défiguré? Afin de comprendre le cœur de la masculinité et, surtout, tout son charme, Paul-Émile Durand nous propose cette réflexion, appuyée par celle de deux autres philosophes, Martin Steffens et le père Olivier Bonnewijn. S’il
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La standardisation des produits
La semaine dernière était publiée une lettre ouverte signée par 45 pédiatres sonnant l’alarme contre le recours « trop facile aux médicaments pour traiter des symptômes s’apparentant au trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ». Bien qu’il ne soit pas mention en soi de la possibilité des surdiagnostics, beaucoup de pédiatres reconnaissent la possibilité d’être « allés trop loin ». D’abord, le simple fait que la validité du diagnostic du TDAH fasse encore l’objet de débat au sein de la communauté scientifique exige notre appel au « principe de précaution ». En effet, certaines sommités dans le domaine le considèrent comme un
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Un cache-sexe en forme de genre
La notion de «sexe» est aujourd’hui une notion qui pose problème. En effet, en moins d’un demi-siècle, un nouveau concept, celui de «genre», a pris la place qu’occupaient autrefois les sexes – au nombre de deux – homme et femme. Qu’est-ce que ce genre qui sème le trouble partout? L’essai du philosophe Alex Deschênes propose ici d’éclaircir ces concepts. Dans le conte de Hans Christian Andersen Les habits neufs de l’empereur, deux tisserands très futés convainquent le roi et sa cour qu’ils savent confectionner des habits que seuls les gens les plus intelligents peuvent voir. Quelques jours plus tard, le roi parade dans la
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Appeler une femme une femme
*Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. L’introduction du dernier livre d’Ingrid Bayot, Le quatrième trimestre de la grossesse, s’ouvre sur un avertissement. L’auteure annonce d’entrée de jeu que « ce livre va surtout parler d’elles, les femmes. » Une telle précision est nécessaire car nous vivons « [à] une époque où il est politiquement correct de ne plus parler des différences sexuelles car elles
