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Quel Noël pour les mécréants?
Alors que de nombreuses villes, organismes et commerces ont choisi ces dernières années d’éclipser les crèches de leurs décorations de Noël dans une perspective laïciste, on peut se demander si Noël a encore un sens dans un monde pluraliste, agnostique, voire athée. Ne vaudrait-il pas mieux remplacer Noël par une fête de l’hiver ou de la lumière ? Le pape François a demandé des crèches partout pour Noël, non seulement dans nos maisons, mais aussi « sur les lieux de travail, dans les écoles, les hôpitaux, les prisons et sur les places publiques ». Le Saint-Père, qui a déjà déclaré trouver « stupide »
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Une spiritualité d’enfant, remède à l’anxiété
Anxiété généralisée, trouble obsessionnel compulsif, stress posttraumatique, agoraphobie, écoanxiété… Le monde entier est angoissé comme jamais. L’unique solution durable est d’amorcer une logique inverse à celle de la peur, du contrôle et de l’efficacité. Cette logique est celle de la confiance, de l’abandon et de la gratuité. Les spécialistes reconnaissent que les causes sont multiples et mal connues : trop d’écrans, trop de changements, trop de travail, trop de conflits. En tout cas, tout va trop vite. Les médications et les psychothérapies semblent livrer d’assez bons résultats, avec bien sûr un mode de vie sain : bien manger, dormir, respirer et surtout
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5 bonnes idées selon Charles De Koninck
Un texte de Maxime Valcourt-Blouin Voici une sélection de principes éducatifs édictés par l’un des philosophes québécois les plus importants du 20e siècle, Charles De Koninck. 1- Éduquer pour faire des humains L’éducation compte parmi les biens les plus fondamentaux que recherche l’enfant. Cette primauté de l’éducation ne s’explique pas uniquement par le fait que l’être humain a besoin d’elle pour être heureux et libre; elle trouve son fondement dans la nature même des choses. D’après Charles De Koninck, la nature elle-même, dans son labeur constant d’engendrement de nouveaux êtres vivants, ne vise pas simplement à la reproduction et à la
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Le métier d’éducateur selon Nestor Turcotte
Un texte de Nestor Turcotte L’instituteur (d’un mot latin qui veut dire: «celui qui fonde») est, comme le dit si bien le philosophe Heidegger, «le berger de l’être». Il est le délégué aux valeurs permanentes. Lesquelles sont universelles. Nestor Turcotte, auteur et prof d’expérience maintenant à la retraite, nous livre un regard sans concession sur l’éducation. L’école, dois-je le souligner, traverse une crise très profonde. Les collégiens sont souvent dégoutés de leur école. L’établissement scolaire qu’ils fréquentent leur semble une immense machine à faire le vide. Les édifices sont modernes, bien équipés, mais il n’y a plus d’âme. Les jeunes
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Le prix Ratzinger pour un philosophe de chez nous !
Le 9 novembre dernier, le pape a remis le prestigieux prix Ratzinger au philosophe Charles Taylor. Dans son discours lors de la remise du prix, le pape a souligné l’influence remarquable de sa pensée pour « le développement de la culture occidentale, les mouvements de l’esprit humain au fil du temps, en identifiant les caractéristiques de la modernité ». Comme pour beaucoup de Québécois, c’est au cégep que j’ai pour la première fois été en contact avec sa pensée. Je me suis très tôt intéressé à son diagnostic des Grandeurs et misères de la modernité. Qui aurait cru qu’une décennie plus tard
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Chaque enfant est une oeuvre d’art
Quelle est la nature de la relation entre pédagogie et foi? Sont-elles si éloignées l’une de l’autre? Sans contester la laïcité de nos institutions, ne pourrait-on pas concevoir un terreau permettant d’enseigner aux enfants des apprentissages très concrets, mais tout aussi fertile pour qu’il s’ouvre au dialogue avec Dieu? Déjà, dans la tornade de la sécularisation des écoles, à la fin du 19e siècle, Charlotte Mason et Maria Montessori, deux femmes convaincues de la possibilité d’une telle chose, ont fait entendre leur voix. Est-ce que la foi et la pédagogie sont deux vases clos, indépendants en tous points? Après tout, avoir
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Dieu ne promet pas le bonheur
Deux faux évangiles, qui découlent de la même erreur, se répandent parmi les chrétiens. Je parle ici de l’évangile du bonheur et celui de la prospérité. Depuis quelques décennies, l’évangile de la prospérité est très présent aux États-Unis et en Afrique. Selon cette interprétation de la révélation chrétienne, Dieu promet la richesse matérielle à ses fidèles comme signe de faveur divine. Or, il faut savoir que la plupart des chrétiens dénoncent cette interprétation en soutenant qu’elle contredit des enseignements fondamentaux de Jésus-Christ. En effet, ceux qui croient que Dieu promet la prospérité sombrent dans une double dérive. D’une part, leurs
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Les études universitaires: un exercice spirituel
Un texte du père Francesco Vermigli, traduit de l’italien par Laurence Godin-Tremblay Comme je fréquente le monde universitaire, je rencontre quotidiennement des étudiants de toute provenance. J’ai donc l’occasion de percevoir toujours plus distinctement les aspirations que ceux-ci nourrissent, notamment leur soif de découvrir plus clairement le sens des études qu’ils ont entreprises. Dans un monde liquide, peuvent également être liquides les raisons pour lesquelles on accède à la vie universitaire, on y vit et on en sort. Par liquide, j’entends le fait d’entrer à l’université avec un certain but en tête — pas toujours bien défini — et de
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Faut-il avoir peur de la rectitude politique?
L’accroissement continuel de la bonté et de la sensibilité fait qu’il est de plus en plus commun de tenir compte des réalités diverses. Parler d’acceptation de l’autre, de respect et de tolérance est devenu un lieu commun. Nous discutons aussi davantage de leur corolaire : la rectitude politique. Elle est une chose fantastique, sous-estimée et peu appréciée pour elle-même. Plusieurs s’en déclarent allergiques, d’autres la conspuent et la majorité, peut-être, ne sait même pas qu’elle existe. Ingrats petits vauriens. Omettons un instant le fait qu’il est possible aujourd’hui de tenir à peu près n’importe quel genre de discours ou même de
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Les environnementalistes, ces conservateurs qui s’ignorent
Très loin de l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes, les environnementalistes sont fondamentalement des conservateurs qui s’ignorent. Comme l’ont remarqué plusieurs commentateurs, le mouvement de la grève pour le climat est le combat d’une génération. On l’a vu la semaine dernière à Montréal : l’intensification des gestes d’éclat est à prévoir. Depuis quelques années maintenant, le mouvement écologiste est sorti des marges. Il est devenu un mouvement de fond, une cause commune autour de laquelle citoyens et politiciens doivent se positionner. En ce sens, la figure de Greta Thunberg a révélé et opéré la convergence des forces de la jeunesse, déjà sensible
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L’avortement : le maillon faible de la gauche?
C’est désormais une tradition : la campagne électorale canadienne a ramené au premier plan la question de l’avortement. Constatant la forte proportion des Canadiens favorables à son accès légal, on peut comprendre que tout parti cherchant sérieusement le pouvoir souhaite éviter le sujet. Par contre, si la tendance se maintient, nous pouvons prévoir que, loin d’être clos, le débat sur le statut légal des enfants à naitre surgira de nouveau. Il est donc plus que jamais nécessaire d’accroitre notre connaissance des principes fondamentaux sur cette question. Peut-être pourrait-on ainsi réintroduire un peu de logique dans ce débat on ne peut plus
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Pour qui sauver la planète?
«C’est une chose terrible à dire, mais pour stabiliser la population mondiale, nous devons éliminer 350 000 personnes par jour.» Cette déclaration choc du commandant Jacques-Yves Cousteau, figure emblématique des environnementalistes, a fait le tour du monde en 1991. Trois décennies plus tard, il ne meurt encore naturellement qu’environ 157 000 personnes par jour. Comment exactement le commandement Cousteau envisageait-il d’éliminer les 193 000 autres? Sacrifier l’homme pour sauver la terre. Cette manière de penser révèle que ce n’est pas tant la planète qui est en danger, mais plutôt l’humanité. C’est nous qui sommes menacés d’extinction, voire d’extermination. Car la planète survivra certainement, mais
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Imposez vos règles au boulot
Est-il possible d’aménager des horaires de travail plus respectueux des cycles féminins? La philosophe française Marianne Durano pense que oui. Dans son récent essai Mon corps ne vous appartient pas, la jeune auteure formule une proposition ambitieuse: «Laisser une plus grande marge de manœuvre aux femmes dans l’organisation de leur temps de travail» (p. 104). Deux sexes, deux temporalités Respecter la temporalité féminine, c’est à la fois permettre aux travailleuses de vivre pleinement leur maternité et donner une chance aux mères de mieux intégrer le marché du travail. Voilà la conciliation travail-famille pensée dans une perspective globale. Plus largement, respecter la
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Combien d’étoiles voyez-vous?
Aout 2003. New York, la ville qui ne dort jamais, s’assoupit. Dans une panne d’électricité historique, les gratte-ciels s’éteignent et révèlent un autre ciel. Du jamais vu pour les New-Yorkais. Quelle est donc cette étrange trainée lumineuse qui fend la nuit en deux? Le service de police reçoit un nombre élevé d’appels téléphoniques de citoyens inquiétés par l’étrange spectacle de la… Voie lactée. Il existe bel et bien des citadins pour qui l’observation du ciel nocturne et de ses myriades d’étoiles est inconnue. Et d’autres pour qui le fait de vivre dans une galaxie et d’en être témoin par une
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Manger plus de ciel
Le discours apocalyptique est sur toutes les lèvres. Il serait minuit moins une pour sauver l’humanité d’un nouveau déluge. Il nous faut changer et changer vite, pour garder l’espérance du salut terrestre de l’humanité. Mais comme dans le récit de Noé, les causes profondes de la catastrophe écologique ne sont pas météorologiques, mais eschatologiques. L’humanité s’étant détournée de son Créateur, «la création a été soumise au pouvoir du néant» (Rm 8, 19). Ce texte est tiré de l’édition papier du magazine Le Verbe, été 2019. Pour consulter la version numérique, cliquez ici. Pour vous abonner gratuitement, cliquez ici. Réformer l’homme On prêche
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Considérations sur l’homme divisé
Cette année, longue est la liste des morceaux de notre patrimoine culturel et religieux qui ont été détruits, abandonnés ou marqués par une vétusté forçant leur fermeture. De Gaspé à Gatineau, en passant par la capitale et la métropole, chacun connait un bâtiment dont l’existence est menacée par notre indifférence et la férocité des intérêts commerciaux. Cette « sournoise tentation de la mort » est une ombre qui nous poursuit et commence à nous rattraper. Quelque chose en nous-mêmes n’accepte pas notre passé et veut le réduire comme peau de chagrin. L’homme d’ici n’est plus dominé, si ce n’est que par
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Quand l’identitaire supplante le religieux
Des sociologues parlent d’un retour du religieux dans les sociétés occidentales. Du religieux plus que de la religion, car les formes institutionnelles de celle-ci ne seraient plus vraiment appelées à perdurer. Dans certaines régions du monde, les autorités religieuses voient leur influence s’amenuiser au profit de groupes religieux complètement autonomes. En Afrique et en Amérique latine, la montée des évangéliques, parallèlement au déclin relatif du catholicisme, illustre cette réalité. Michel Maffesoli fait partie des penseurs pour qui le désenchantement du monde a fait son temps. Les idéologies modernes n’auraient jamais su remplacer Dieu, créant plutôt un immense vide chez les
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L’État et la charité
Dans mon précédent billet, nous avons cherché à comprendre ce que signifient de nos jours les concepts de « gauche » et de « droite ». Si l’État se fait aujourd’hui le garant du filet social, interrogeons-nous cette fois sur le type de positionnement que l’Église pourrait porter dans l’avenir. S’appuyant sur des principes à la fois spirituels (la Révélation) et naturels (sa tradition philosophique et juridique), l’Église ne pourra se repositionner qu’en conformité avec ceux-ci. Sacrifier la charité sur l’autel de la justice Dans son encyclique deus caritas est, Benoît XVI offre des réflexions profondes sur l’exercice de la
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La résilience : mode d’emploi pour survivre dans ce monde de fou !
Paul Donders, le fondateur d’xpand originaire des Pays-Bas, était au Canada dernièrement et en a profité pour donner une conférence grand public sur la résilience. Plus de 100 personnes l’ont écouté religieusement à l’église Saint-Thomas d’Aquin de Québec. Et dans cette atmosphère de fin du monde on comprend pourquoi. L’art subtil de s’en foutre La résilience est un principe psychologique en vogue. Le livre le plus vendu sur Amazon cette année est le provoquant L’Art subtil de s’en foutre de Marc Manson que vous avez peut-être aperçu avec sa couverture orange dans les kiosques d’aéroport… mais que vous n’avez pas osé
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Pour dépasser la confrontation gauche-droite
L’été approche et, comme à chaque année, les travaux parlementaires cesseront durant la période estivale. Bien que la société, elle, ne prenne pas de vacances, il est heureux que les politiciens et les citoyens puissent s’arrêter un moment pour faire le point sur le travail accompli, pour faire des projections et, on l’espère, pour réfléchir sur les différentes tendances lourdes auxquelles le pouvoir législatif doit apporter de sages solutions, dans les limites de ses compétences. De fait, nous vivons à une époque de profondes transformations. Les axes politiques sur lesquels se positionnent les partis doivent donc toujours être réévalués. Rien
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Un Cro-Magnon au cœur tendre?
Quand on conçoit la Préhistoire, on se fonde sur peu de connaissances. Nous observons quelques reliques archéologiques à partir desquelles nous spéculons sur les modes de vie de nos ancêtres. Sylvain Aubé explore ici l’hypothèse d’un homme préhistorique un peu moins brut que dans notre imaginaire. La Préhistoire m’inspire une fascination croissante. Cette période de l’humanité est à la fois immense et obscure. L’histoire humaine recoupe environ cinq-mille ans alors que sa préhistoire en recoupe des centaines de milliers. L’ensemble de l’expérience humaine est presque entièrement dénuée de traces écrites. Nos idées sur la Préhistoire relèvent donc en grande partie
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Notre avenir mérite d’avoir un passé
L’incendie de Notre-Dame de Paris a fait rejaillir à la face du monde que l’âme des nations s’incarne dans des symboles. La France redécouvre ses racines chrétiennes, l’importance de la continuité et, une fois de plus, la fragilité de sa personnalité collective. La cause exacte de l’incendie, toujours inconnue, est peut-être d’un intérêt relatif : l’embrasement de la célèbre cathédrale, en pleine Semaine sainte, est à l’image des sociétés occidentales qui peinent à porter leur héritage. En un clin d’œil, les fortunes françaises ont sorti leur chéquier pour aider à la reconstruction de Notre-Dame. Alors même qu’un soupir de soulagement s’en
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Je crois pour comprendre et je comprends pour croire
Dans un billet publié plus tôt cette semaine – octave de Pâques – Sébastien Lévesque pose la question : peut-on croire en Dieu? Je tiens à souligner les bienfaits et la nécessité d’une telle réflexion dans l’espace public. Le catholique que je suis, ayant de surcroit étudié la philosophie et la théologie, tenait néanmoins à apporter un éclairage complémentaire à la posture du chroniqueur. Dans notre société moderne, caractérisée par un esprit scientifique, matérialiste et rationaliste, tous conviennent qu’il est absurde de croire à quelque chose ou en quelqu’un sans motifs suffisants et crédibles. Connaître une réalité par le biais du
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De la mystique du progrès à la mystique tout court?
Le plus récent ouvrage de Mathieu Bock-Côté sortira demain dans les librairies du Québec. L’auteur, dont les travaux jouissent d’un écho certain en France, a aussi son lot de disciples et de détracteurs au Québec. Notre chroniqueur Francis Denis a lu L’empire du politiquement correct et nous explique, dans ce compte-rendu, en quoi la contribution intellectuelle du sociologue est à la fois incontournable et insuffisante. Longue de 263 pages et complétée d’une abondante bibliographie, cette analyse engagée nous dresse un portrait éclairant de la logique et des critères régissant la conversation médiatique. On y rencontre d’abord les intérêts, idéologies, méthodes
